Irlande, Fontenay-aux-roses et Ukraine

18oct16h0016h15Irlande, Fontenay-aux-roses et Ukraine16h00 - 16h15 AnimateurCastelnau ClaudineÉmissionActualité religieuse dans les médias

Résumé de l'émission

Un récent sondage a révélé que l’Irlande du Nord était désormais majoritairement catholique. « La religion est un sujet sensible [dans ce pays], relève Le Monde. Elle a en effet joué un rôle crucial dans la guerre civile (1968-1998) qui a coûté la vie à des milliers d’habitants. Depuis sa création en 1921, le pays a toujours été majoritairement protestant. » Mais aujourd’hui, la tendance s’inverse, il y a plus de catholiques que de protestants et la proportion augmente de catholiques : 45,7 % de la population se déclare « catholiques ou ayant grandi catholiques » contre 43,5 % de nord-irlandais se considérant comme protestants. Autre résultat notable : 9,3 % de personnes disent n’appartenir à aucune religion, contre 5,6 % au recensement de 2011. Impensable naguère encore, où la religion était le marqueur premier de l’identité des Nord-Irlandais et déterminait de fait leur vie sociale. Au point d’en arriver à des absurdités : ainsi, une protestante rencontrée à Belfast me racontait avoir été mordue par un chien et la première question qu’on lui a posée : « Le chien était-il catholique ou protestant ? » Si les relations sont apaisées aujourd’hui, catholiques et protestants d’Irlande du Nord conservent des oppositions fortes. Par exemple, les catholiques prônent majoritairement la réunification avec la République d’Irlande, membre de l’Union européenne (UE). Tandis que les protestants, eux, sont davantage favorables à la préservation de l’union avec le Royaume-Uni. D’où leur nom d’« unionistes ». Et leur « grogne » contre les dispositions douanières post-Brexit qui ne sont toujours pas réglées et  qu’ils considèrent comme un pas vers une réunification de l’Irlande. Le rêve de nombre de catholiques irlandais.

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Un Royaume Uni un peu plus désuni chaque jour. On le voit avec les réactions outrées provoquées par la nomination du prince William, fils aîné du roi Charles III, au titre de prince de Galles. Sans que les Gallois aient été consultés. Ainsi une instance régionale au pays de Galles a voté pratiquement à l’unanimité pour que le titre soit retourné aux Gallois et qu’ils en disposent. Ce titre représente la conquête à la fin du XIIIe siècle du Pays de Galles par Edward Ier le roi anglais qui veut imposer sa main mise sur le pays.  Pour cela, il fera construire la forteresse de Caernarfon où naît son fils aîné en 1284. Mais pour les habitants de ce territoire nouvellement conquis, il leur est inconcevable d’être dirigé par un Anglais. Croyant mettre le roi dans l’embarras, ils lui demandent de mettre à leur tête un homme né au Pays de Galles et ne parlant pas anglais. C’est ainsi qu’il leur présente son fils à qui il offre le titre de prince de Galles en 1301.  L’union du Pays de Galles  avec le Royaume uni s’avère menacée, les indépendantistes gagnant des voix mais l’indépendance est encore assez illusoire. Ce qui n’est pas le cas de l’Ecosse traversée par un mouvement indépendantiste fort qui irrigue la vie politique locale depuis longtemps. Cette volonté d’indépendance n’a pas réussi à se concrétiser en 2014, lors du premier référendum mais en 2016, 62 % des Ecossais ont voté « remain », privilégiant ainsi leur ancrage à l’Union européenne contre le Brexit voulu par Londres. Les indépendantistes ont la majorité au parlement d’Edimbourg et la cheffe indépendantiste Nicola Sturgeon à la tête du SNP (parti nationaliste écossais) vient d’annoncer sa volonté de lancer un nouveau référendum sur l’indépendance de l’Ecosse en 2014, une indépendance qu’elle décrit comme « essentielle » pour échapper au chaos engendré par le gouvernement conservateur de Westminster et rejoindre l’Union européenne. Avant de quitter l’Ecosse, je vous parlerai de Beauly, un village, près d’Inverness, à au nord-ouest. Là se trouve l’un des trois monastère fondés en Ecosse par une communauté de moines vers 1230. Ces moines d’un ordre peu connu, l’ordre des Valliscaulian, venaient d’un lieu-dit le Val-des-Choux prés de Dijon. Un orme, considéré comme le seul orme véritablement originaire du Royaume-Uni, vivait dans les ruines du prieuré depuis 800 ans. Probablement l’orme le plus vieux d’Europe, on le trouve déjà mentionné dans des archives médiévales, et il se meurt, rongé par la maladie hollandaise de l’orme, une espèce de champignon. Mais en Ecosse on ne laisse pas mourir ainsi un « arbre à sorcière » sans célébrer les liens qu’il a eu au cours de sa vie avec les gens du village, durant 800 ans.  « Et aider par cette célébration autour de l’arbre mourant à capter son héritage ». Grâce aux images numériques l’arbre de Beauly  continuera à vivre…

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Les esprits ne se manifestent pas qu’en Ecosse ! A Fontenay-aux-Roses, dans la banlieue parisienne aussi ! Dans un immeuble HLM appelé à être réhabilité aux Blagis, sur la commune de Fontenay, des « phénomènes paranormaux », une « présence », des « bruits de meubles traînés au sol », des « ombres fugitives » dans les appartements inquiètent tellement que le maire aurait fait appel à un prêtre et à un imam pour « exorciser » les parties communes.   Ce que le maire dément formellement, rappelant que cette n’est pas de sa compétence et touche aussi aux principes de laïcité de la République. Mais Le Parisien continue d’affirmer qu’il a bien été question « d’officiants, attendus pour exorciser » le HLM prétendument « hanté », tandis que le prêtre catholique dont dépend l’immeuble dit ne pas avoir été contacté par le maire. Il soulève au pasage un problème de fond : « Cette affaire, dit-il,  questionne la manière d’être attentifs aux besoins spirituels de ces populations en détresse, à ne pas uniquement se comporter en gestionnaires devant les problèmes qu’elles peuvent rencontrer ». L’hebdomadaire La Croix qui suit l’affaire pense qu’il y a eu une demande du maire, désemparé, à des religieux en charge de la pastorale aux Blagis. « Mais il n’a jamais été question de pratiquer un exorcisme. » De même l’imam, selon une habitante de l’immeuble, « lui aurait conseillé de disposer du sel sur le seuil de sa porte et de trouver du réconfort dans le Coran ». Mettre du sel devant sa porte, c’est bien connu, empêche les mauvais esprits d’entrer… Pure superstition ! Mais surtout il faudrait écouter ces gens, les rassurer, les accompagner et faire en sorte que ces habitants, en attente depuis longtemps de relogement par le bailleur social Hauts-de-Seine Habitat sortent enfin de cette souffrance au lieu de tenter par des exorcismes de « les faire patienter », encore…

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Newsweek, un magazine hebdomadaire américain en ligne a publié la semaine passée une lettre de deux chercheurs racontant  les nombreuses destructions ou pillage de biens religieux,  églises, objets du culte en Ukraine. Des destructions dont on parle peu, focalisés, avec raison, sur les conséquence humanitaires de cette sale guerre que mène Poutine. Par exemple ces chercheurs écrivent : « Lorsque vous entrez dans le hall principal de l’église du Temple de la paix de Kyiv, la première chose qui vous frappe, ce sont des centaines de boîtes du Programme alimentaire mondial, attendant d’être distribuées à ceux qui en ont besoin. Le révérend Volodymyr Kondor nous a expliqué qu’il n’y a pas si longtemps, la même salle était bondée de centaines de personnes cherchant à s’abriter de l’attaque barbare du président russe Vladimir Poutine. » Et ils remarquent qu’« en Ukraine les églises sont devenues le filet de sécurité de la société civile en plus de servir de lieux de culte. »

Les armes font le travail en première ligne, tandis que la société civile, et en particulier les organisations religieuses, s’attaquent aux conséquences humanitaires de l’invasion, prenant le relais des autorités de l’Etat submergées par la guerre. »  La tentation est alors grande pour les troupes russes de cibler délibérément ces sites qui font partie du patrimoine culturel et religieux ukrainien et détruisent. Parce que, expliquent les deux chercheurs,  les Russes envahisseurs sont bien conscients de la force de résistance qui émane de ces églises et du rôle que jouent très certainement prêtres et pasteurs dans  cette résistance : églises transformées en abris  anti-bombes, aide en nourriture ou pour l’ évacuation vers des lieux plus sûrs mais aussi refuges pour ceux dont l’habitat a été détruit. D’où ces édifices religieux bombardés, même lorsque des personnes se trouvaient à l’intérieur. Ainsi à Marioupol, une ville tombée aux mains des Russes, une mosquée abritant plus de 80 personnes a été attaquée. Ailleurs, un monastère orthodoxe en bois du 15e siècle, la Laure de la Dormition de la Mère de Dieu, dans l’est de l’Ukraine, considéré comme l’un des sites les plus sacrés d’Ukraine et sous la « protection » du patriarche Kirill de Moscou a été bombardé à plusieurs reprises et trois moines ont été tués. Enfin, les chercheurs remarquent que « les forces russes n’ont pas hésité parfois à ouvrir le feu à l’intérieur des églises ou à briser des icônes. »

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