Céline Lafontaine, professeur de sociologie à l’Université de Montréal

04oct0h151h00Céline Lafontaine, professeur de sociologie à l’Université de Montréal0h15 - 1h00 AnimateurTaieb EmmanuelÉmissionLa valeur de l’homme

Résumé de l'émission

La période contemporaine est marquée par la conquête permanente de nouvelles frontières du vivant : depuis les bébés-éprouvettes, on sait désormais couper et remplacer des portions d’ADN, congeler des gamètes, ou produire un enfant à partir de trois donneurs. On sait pratiquer une médecine régénératrice et faire de l’ingénierie génétique. Si ces manipulations et ces techniques posent des problèmes bioéthiques, elles produisent surtout de nouveaux objets du vivant. Des « bio-objets » dont le statut n’est ni celui d’une chose, ni tout à fait celui d’un être vivant. Des êtres hybrides donc, qui nous environnent, et qui sont investis de nombreuses attentes médicales, de la naissance d’un enfant, désormais classique, à la greffe de peau de synthèse.

Mon invitée, Céline Lafontaine, désigne comme « bio-objets » les cellules, les bactéries-in vitro, les gamètes prêtes à être implantées, les cellules souches, les tissus, le sang du cordon ombilical, ou encore les OGM. Car la technique permet désormais de cultiver la vie biologique, de l’apprivoiser, de la mettre en suspens pour une utilisation future. On a par exemple beaucoup entendu parler de ces femmes qui donnent la priorité à leur vie professionnelle et font congeler leurs ovocytes, afin d’être maitresses de leur temps et d’enfanter quand elles l’auront choisi. Les bio-objets ont en fait cette faculté d’être cryo-génisables, conservés artificiellement, et de retrouver une vitalité et une croissance au moment de leur emploi. Ils sont aussi duplicables, modifiables, voire imprimables à volonté !

Ce sont en fait des objets bio-technologiques, qui se tiennent à la frontière de la recherche, de la technique et de l’espoir médical. Car ils s’inscrivent sur l’horizon d’une disparition de la maladie et du vieillissement. L’investissement qu’ils connaissent repose, quant à lui, sur l’idée que la valeur thérapeutique rime avec la valeur économique.

Que disent ces bio-objets de notre rapport au vivant, et de quoi sont-ils la promesse ? normalisent les images de la nudité et rappellent à quel point elles relèvent des sensations et de l’intime.

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