Ukraine et Moldavie aux portes de l’Union européenne

(c) Carlyle Gbei

Tout simplement historique. Ce conseil européen qui se tient en plein solstice d’été restera dans les marbres de la construction européenne. L’objectif était clair : donner une perspective européenne à l’Ukraine, la Moldavie et la Géorgie, trois pays dans le viseur de la Russie.

Après plus de cinq heures d’échanges, la fumée blanche est enfin sortie. Le consensus a encore triomphé de la division. Les Vingt-sept ont d’une seule voix décidé d’octroyer le statut de candidats pour l’instant à l’Ukraine et à la Moldavie. La Géorgie devra de son côté terminer sa mise en conformité aux recommandations formulées par la Commission européenne. Ce n’est qu’une question de temps.

“C’est un moment historique, un moment d’unité” a déclaré le Belge Charles Michel, président du Conseil européen.  Pour Emmanuel Macron, “cette candidature est un message très fort et cohérent, une réponse politique adressée au Kremlin dans le contexte géopolitique actuel”. La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen s’est réjouie de cette décision, adressant au passage ses vives félicitations au président ukrainien Volodymir Zelensky et à la présidente de la Moldavie, Maia Sandu.

Volodymyr Zelinsky a, de son côté, salué un moment historique dans les relations Ukraine-UE, convaincu que l’avenir de son pays se trouve au sein de l’Union européenne. Vue de Moldavie, cette candidature est un signal sans équivoque et fort de soutien aux citoyens moldaves, une réelle perspective.  Maia Sandu se dit déterminée à avancer sur la voie des réformes.

“L’heure des réformes”

Une autre phase s’ouvre désormais pour ces deux pays candidats. Les deux États devront mener des réformes indispensables au respect des règles européennes. Le président français a marqué sa disponibilité et sa proximité avec eux dans la réalisation de cette condition sine qua non. Viendra dans un second temps l’ouverture des négociations d’adhésion, lesquelles devront répondre aux critères politiques avec des institutions stables, aux critères économiques avec une économie de marché viable, aux acquis communautaires avec une capacité d’assumer les obligations de l’Union européenne. À la suite de ce cheminement, Ukrainiens et Moldaves pourront marquer officiellement leur appartenance à la grande famille européenne par la signature et la ratification du traité d’adhésion.

Vue ainsi, la procédure paraît simple et courte. En réalité, c’est tout le contraire. Pour adhérer à la grande famille européenne, il faut s’armer de patience et de courage. La procédure est longue et parfois très – trop – complexe. Raison pour laquelle le chef de l’État français avait mis sur la table, lors de son discours de Strasbourg le 9 mai 2022, la proposition d’une communauté politique européenne. Cette communauté viserait à la fois à structurer politiquement l’Europe, mais aussi à servir de salle d’attente et d’acclimatation aux valeurs européennes pour tous pays du Vieux continent aspirant un jour à intégrer l’Union européenne. Reste à savoir, désormais, si les Vingt-sept marqueront une fois de plus l’histoire de la construction européenne en acceptant la mise en œuvre de ce nouvel instrument.

Par Carlyle Gbéi, envoyé spécial à Bruxelles

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