Que retenir du Conseil européen extraordinaire ?

Conseil européen extraordinaire (c) CE Service audiovisuel

Le conseil européen représente le collège des chefs d’État et de gouvernement des vingt-sept États membres de l’Union. Ils se réunissent par principe deux fois dans l’année pour fixer les grandes orientations. Cependant, Bruxelles a vu ses habitudes bouleversées par la situation géopolitique. Un conseil européen extraordinaire s’est donc tenu les 30 et 31 mai pour traiter de la situation ukrainienne et ses conséquences.

Alors que les bombes russes continuent de pleuvoir sur l’Ukraine, les vingt-sept se sont réunis durant deux jours à Bruxelles pour un Conseil européen extraordinaire. Dans la continuité du Sommet de Versailles, cette réunion portait sur l’agression russe contre l’Ukraine et la nécessité de souveraineté européenne en matière de défense et d’énergie. Les Européens ont également voulu mettre sur la table la question du défi de la sécurité alimentaire mondiale, aggravée par le conflit.

Sanctionner la Russie et protéger l’Ukraine, assister sans pour autant être belligérant, telles sont les boussoles qui ont conduit les chefs d’États et de gouvernement de l’UE durant leurs travaux. C’est dans ce contexte qu’un sixième paquet de sanctions contre la Russie a été adopté à l’issue de ce conseil. Les Européens ont par ailleurs pris des décisions en matière de souveraineté énergétique et de sécurité alimentaire.

Côté sanctions, les vingt-sept ont une fois de plus déjoué les pronostics. Alors que personne n’espérait un accord concernant le pétrole russe, Bruxelles a annoncé qu’elle se passerait de 92 % de l’or noir issu de Moscou d’ici à la fin de l’année. L’Union européenne compte donc interdire ⅔ de ses importations de pétrole russe, refusant celles effectuées par voie maritime, tout en conservant ce qui vient par les pipelines, afin de ne pas mettre en difficulté les pays très dépendants, notamment la Hongrie, laquelle n’était pas très favorable à ces mesures. Emmanuel Macron a indiqué que ces décisions invitaient les Européens à changer leurs moyens d’approvisionnement, en construisant par exemple de nouvelles infrastructures d’acheminement pour diversifier les producteurs. Outre le pétrole, ce sixième paquet de sanctions frappe plus de quatre-vingt oligarques russes, suspend la diffusion de trois médias et exclut la principale banque, la Sberbank du système financier international Swift.

Toujours dans la continuité du sommet de Versailles, ce conseil européen extraordinaire a été l’occasion pour les Européens de travailler sur leur souveraineté énergétique et leur programme de défense commun. Pour leur dépendance énergétique, les vingt- sept misent sur leur stratégie du “REPOWER UE” fondée sur l’achat commun de gaz et le financement commun de structures permettant une sortie progressive des énergies fossiles russes.

Face à une crise alimentaire latente, l’Union européenne souhaite, en lien étroit avec la Turquie et sous la coordination des Nations unies, exporter dans les meilleures conditions les matières premières (grains et céréales) de l’Ukraine vers les pays en grande difficulté, notamment africains qui sont énormément dépendants. Emmanuel Macron affirme également la volonté de limiter, en collaboration avec le Programme alimentaire mondial (PAM), l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et l’ensemble du système des Nations unies, les mécanismes de stockage abusif. Le président français souhaite, dans cet élan et au travers de son initiative FARM, accompagner les pays africains dans la transformation par eux-mêmes de leurs matières premières.

Enfin, aucune sanction sur le gaz russe n’a été adoptée. Toutefois, Bruxelles n’écarte pas cette éventualité pour l’avenir.

Les vingt-sept se réuniront à nouveau les 23 et 24 juin prochains à Bruxelles pour un conseil européen ordinaire marquant la fin de la présidence française de l’Union européenne. Ce conseil sera suivi d’une rencontre entre ses dirigeants et ceux des Balkans occidentaux.

Par Carlyle Gbei, envoyé spécial

Quitter la version mobile