Une allocution solennelle pour acter la fin de la séquence retraite et redonner un souffle au quinquennat : tel était le sens de la prise de parole du président de la république ce lundi 17 avril.
Face caméra, Emmanuel Macron a d’emblée rappelé la nécessité de la réforme des retraites qui nécessite un « vrai effort » mais qui porte aussi des « mesures de justice sociale ». Un discours répété en boucle depuis le 10 janvier, date de la présentation du projet, et qui continue d’être rejeté massivement par l’opinion publique. Le chef de l’État en a conscience. Il a assuré « entendre » la colère des Français ayant manifesté. « Personne ne peut rester sourd », a-t-il commenté.
Pour lui, « La réponse ne peut être ni dans l’immobilisme, ni dans l’extrémisme ». Que faire alors ? Il souhaite rapidement tourner la page en axant son action sur trois chantiers : le travail, la justice, l’ordre républicain démocratique et le progrès.
Sur le travail, Emmanuel Macron souhaite « bâtir un nouveau pacte de la vie au travail ». Il a réaffirmé sa disponibilité à recevoir les syndicats qui voudraient en discuter avec lui. Le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, a estimé dans la foulée qu’il n’y avait « rien de concret » dans ces perspectives. Du côté de la CGT, Sophie Binet, a affirmé sur la chaîne de télévision LCI avoir le sentiment que le chef de l’État « n’a pas entendu ce que lui ont dit et répété les millions de manifestants et de grévistes ». Le message est clair. Aucune rencontre avec l’intersyndicale n’est prévue avant le 1er mai. Le patronat sera reçu néanmoins mardi 18 avril à l’Élysée. Maigre consolation pour le président de la république qui devra relancer très vite le dialogue social s’il veut véritablement tourner la page.
100 jours pour apaiser et agir.
En dépit de la radicalité qui semble gagner du terrain, Emmanuel Macron garde les yeux tournés vers l’avenir. Le président de la république s’est donné « cent jours » pour lancer un plan d’« apaisement » et « d’action » d’ici au 14 juillet, après la « colère » suscitée par la réforme des retraites, chargeant sa Première ministre de présenter « dès la semaine prochaine » une feuille de route. Sur la méthode, il souhaite « moins de lois, moins de bureaucratie et plus de liberté d’action ». Il a promis « des annonces fortes dès le mois de mai » contre la délinquance « et toutes les fraudes sociales ou fiscales », tout en promettant de « renforcer le contrôle de l’immigration illégale ». Nouvel appel du pied à la droite républicaine. Le patron des Républicains, Éric Ciotti regrette « un catalogue de vœux pieux ». « La méthode manifestement ne change pas, avec des objectifs louables, mais sans la moindre remise en cause » estime-t-il.
Après une allocution accueillie partout en France par des concerts de casseroles et suivie de manifestations sauvages, Emmanuel Macron parviendra-t-il véritablement à apaiser le pays ? Le rendez-vous est pris le 14 juillet, pour faire un premier bilan.
par Carlyle Gbéi (Service Politique)