This is a repeating event21 mars 2022 23h45
La religiosité est-elle en déclin en Suisse ?
Résumé de l'émission
La religiosité est-elle en déclin en Suisse ?
La religiosité est-elle en déclin en Suisse ? Les gens gardent-ils la foi mais pratiquent-ils en dehors des églises traditionnelles ? Ou sont-ils tournés vers d’autres formes de spiritualité ? Allez Savoir, le journal de l’université de Lausanne a rendu compte du travail de deux chercheurs de l’Institut de sciences sociales des religions qui se sont intéressés à la fréquentation des églises, à la pratique de la prière ou à la croyance en Dieu pour démontrer, preuves à l’appui, que « si chaque génération est légèrement moins religieuse que la précédente, la sécularisation n’est pas due au fait que la foi des gens s’évapore au fil de leur vie ou que les gens croient toujours autant mais en dehors des institutions, ce qu’une sociologue britannique des religions a appelé Believing without belonging [croire mais ne plus appartenir à une institution religieuse]. Mais c’est bien dû à l’arrivée de nouvelles générations moins portées sur la religion ». « La croyance en Dieu, en la Bible, aux miracles, diminue au même titre que l’appartenance religieuse. On constate une augmentation du Neither believing nor belonging (Ni croire ni être membre d’une institution]. La religiosité chrétienne n’a pas été remplacée par la pratique de croyances alternatives ou ésotériques qui restent stables en nombre, donc ce n’est pas la « nouvelle religion des temps modernes ». Et ce phénomène de générations de moins en moins religieuses, ce déclin du religieux, affecte plus ou moins, toutes les églises dans les pays industrialisés…
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Messe catholique à la cathédrale protestante de Genève
A Genève, le 5 mars dernier, une messe catholique a été célébrée dans la cathédrale St Pierre, haut lieu du protestantisme depuis 1535. Depuis l’été 1535 précisément, où la dernière messe s’était terminée en émeute, le clergé catholique avait été chassé, le bâtiment aux mains des émeutiers et les statues et autres objets de culte détruits comme symboles d’idolâtrie. Et pourtant, le nom de St Pierre avait été conservé. En 1536, la Réforme protestante triomphait à Genève. Alors, une messe après 486 ans était un événement symbolique très fort a expliqué le président de l’Eglise protestante, un geste qui vient s’inscrire dans la collaboration œcuménique fructueuse entre protestants et catholiques à Genève. Réflexion d’un participant catholique : « C’est merveilleux que l’Eglise-mère de notre canton puisse être ce soir un peu plus l’église de tous les chrétiens. Votre invitation signifie beaucoup pour nous [catholiques] et a provoqué beaucoup d’enthousiasme. Merci de nous avoir invités dans votre maison. » Et lors de son prêche, le vicaire épiscopal a demandé pardon pour les attaques, actes de dérision, violence et méfiance envers la communauté protestante. L’assemblée a aussi prié pour la paix en Ukraine. Des représentants de la Genève protestante étaient présents, la célébration a duré 1h 45 et 1500 personnes ont participé à l’événement.
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L’Église orthodoxe et Poutine
« Protestinfo » un site protestant suisse de nouvelles religieuses a publié le 14 mars l’interview d’un professeur de l’Université de Lorraine, Antoine Nivières, spécialiste de l’histoire religieuse russe. Alors que le monde entier tournait ses regards vers le patriarche Kirill de l’Eglise orthodoxe russe de Moscou, lui demandant de faire entendre raison au président Poutine, le patriarche a délivré le 13 mars un sermon ne laissant plus aucun doute sur son soutien à Poutine et qualifiant les Ukrainiens opposants de Moscou de « forces du mal ». Comment comprendre cette attitude de Kirill depuis l’invasion de l’Ukraine ? Réponse d’Antoine Nivière : « Cette attitude de KIrill est dans la lignée d’une longue tradition du patriarcat de Moscou, qui manifeste des liens étroits avec les autorités, autrefois de l’Union soviétique et aujourd’hui du régime du président Poutine. Malgré les affirmations qu’il s’agit d’une Russie nouvelle, le patriarche Kirill est resté dans le prolongement de l’URSS et de ses services secrets [le KGB] dont il est lui-même issu. » Tout comme Poutine ? Réponse : « Quand les archives du KGB ont été brièvement accessibles à une commission d’enquête parlementaire de la Douma au début des années 1990, celui qui n’était alors que l’archevêque Kirill y apparaissait […] en tant qu’agent recruté par le KGB au sein du clergé du patriarcat de Moscou. Et cela notamment en raison de ses fonctions comme représentant du patriarcat auprès du Conseil œcuménique des Églises (COE) à Genève. » Question : « On serait donc toujours dans une forme d’union sacrée entre l’Eglise et l’Etat ? » Réponse : « Une double union. Premièrement, il y a cette tradition de soumission de la hiérarchie de l’Église orthodoxe au pouvoir politique, qui remonte jusqu’au Moyen Âge, mais qui a été renforcée à l’époque soviétique par un contrôle absolu et une utilisation de l’Église au profit des intérêts politiques de l’URSS. Mais il y a une deuxième tradition, presque millénaire, qui est celle d’un nationalisme centré sur l’orthodoxie. Poutine a beaucoup joué là-dessus. Après la disparition de l’idéologie marxiste de l’époque soviétique, il fallait remplacer ce vide et la religion a été rapidement perçue comme un élément d’identification national fort qui permettait de se distinguer de l’Occident. […] Et cela fait plusieurs années que Kirill […] met en avant un monde orthodoxe et nationaliste s’opposant à l’Occident perçu comme perverti, décadent et moralement dégénéré. D’où notamment sa grande diatribe sur les gay prides, qui relèveraient d’un plan des Occidentaux pour détruire la société russe. » Antoine Nivelle souligne que Kirill est devenu de plus en plus conservateur, à l’image de l’essentiel de son clergé et la majorité de ses fidèles, des vieilles dames… « C’est quelqu’un de très autoritaire et aimant le pouvoir. Et alors que dans l’orthodoxie il n’y a pas de pape, ce patriarche se pense come au-dessus des autres évêques. Son nom mériterait d’ailleurs de figurer dans la liste des oligarques sanctionnés par l’UE. » Pourquoi ? « Il a fait fortune dans les années 2000, quand il était le responsable des Affaires étrangères du patriarcat de Moscou et que l’Irak était sous embargo américain. La Russie avait alors soutenu l’Irak, en y envoyant des médicaments et autres produits de nécessité. Le commerce des cigarettes avait été confié à l’Église russe, qui prélevait une dîme dessus. Le patriarche Kirill a ainsi renforcé sa fortune personnelle. Il possède notamment un chalet en Suisse et il doit y avoir des comptes en banque »… Et ses liens avec Poutine aujourd’hui ? « Les relations se sont un peu ternies. En cause, l’échec de Kirill à garder tous les orthodoxes ukrainiens dans le giron du patriarcat de Moscou, et ce malgré les promesses dont il avait bercé Poutine [L’Eglise orthodoxe russe d’Ukraine représente 1/3 des fidèles du patriarcat de Moscou et perdre cette Eglise serait considéré comme un affaiblissement du patriarcat de Moscou sur la scène internationale.]. De plus Kiev est considérée come le berceau du monde orthodoxe depuis 988 et la conversion, selon la tradition, du prince Vladimir de Kiev et de son peuple à l’orthodoxie.] Ces derniers temps, remarque Antoine Nivières, , Kirill s’est replié sur lui-même, à l’instar du président russe Depuis deux ans, il vit reclus dans sa datcha de luxe des environs de Moscou, sous prétexte qu’il a peur du Covid. Il ne sort que très peu, pour les grandes fêtes ou des rencontres au Kremlin. Il est dès lors lui aussi déconnecté des réalités. » Pour l’Eglise orthodoxe russe, comme pour Vladimir Poutine, l’Occident et ses valeurs représentent une menace. La guerre en Ukraine aurait, entre autres, pour but de « sauver » les orthodoxes de cette nation du péril idéologique occidental.
Discours de façade ou conviction réelle ? La question est posée
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Le sympathique rabbin Avraham Wolff d’Odessa
Un sympathique portrait du rabbin Avraham Wolff d’Odessa publié dans Libération du 18 mars. Ce rand rabbin d’Ukraine s’est chargé de mettre à l’abri et loin de la guerre, des enfants ukrainiens. Un premier convoi le 2 mars et celui du 6 mars, où il a réussi à emmener les enfants jusqu’à Berlin à travers la Moldavie, la Roumanie, la Hongrie, la Slovénie et la République tchèque. Un ami rabbin berlinois et le chef de la police aux frontières d’Allemagne l’ont aidé. Avraham Wolff est revenu depuis dans sa communauté qui comptait 40 000 membres avant la guerre, l’une des plus importantes d’Ukraine avec des écoles (600 enfants étaient scolarisés), une université et même une maison de retraite. Né en Israël, Avrham Wolff a étudié à New York avant de débarquer en Ukraine, à Odessa où le grand-père de son épouse a été rabbin. Et si Avraham Wolff refuse de parler de politique ouvertement, « son panégyrique sur la tolérance en Ukraine, écrit Libération, sonne néanmoins comme une cinglante réplique aux délires de Vladimir Poutine sur la « dénazification » du pays à coups d’obus sur les maternités et de chars dans les champs. Jamais le rabbin n’a rencontré d’antisémitisme dans son pays d’adoption, jure-t-il. Il a même une étonnante donnée factuelle pour étayer son propos : l’Ukraine est le seul pays, hormis Israël, à avoir eu un Premier ministre et un président juifs ces dernières années. […] « Aucun rabbin au monde n’est plus heureux qu’un rabbin en Ukraine. Nous sommes sept milliards d’habitants sur Terre et un seul a la chance d’être le rabbin d’Odessa », conclut-il. L’antisémitisme lui inspire surtout une nouvelle blague. « Un rabbin tombe un jour sur un homme de sa paroisse en train de lire des journaux antisémites. “Pourquoi tu lis ça ?” demande le rabbin. L’homme répond : “Dans les journaux de la communauté, on ne lit que des mauvaises nouvelles, la mort de celui-ci, les problèmes d’argent de celui-là, etc. Au moins là, je lis qu’on est tous très riches et terriblement intelligents” »
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