On s’étonne toujours du refus de soin, que l’on juge forcément irrationnel. Le premier mouvement du soignant est de refuser ce refus, qui l’agace encore plus qu’il ne l’interpelle. Est-on réellement libre de refuser ce qui est bon pour soi ? On s’étonne beaucoup moins en revanche du consentement immédiat, de la « compliance » spontanée du patient, qui ressemble beaucoup à une soumission inconditionnelle au pouvoir médical. Le refus, s’il peut bien sûr être pur caprice ou réflexe défensif, est l’expression tapageuse d’une saine révolte contre l’autorité scientifique et morale des médecins : on refuse d’obéir sans discuter, de suivre les yeux fermés le médecin-apôtre, comme l’appelle Michael Balint. Le patient se sent impuissant et le refus lui permet de retrouver un peu de maîtrise. Plutôt donc que de conclure hâtivement que les patients « ne savent pas ce qu’ils font », il convient de comprendre les raisons profondes du refus et, s’il est justifié, de l’accepter pleinement, sans se sentir personnellement visé.
Judith Arnoult, infirmière, formatrice
Yannis Constantinidès, philosophe, animateur
John Lim, théologien, conférencier, animateur
Frédéric Spinhirny, philosophe, directeur d’hôpital
Cécile Vinot, infirmière, cadre de santé