This is a repeating event13 juillet 2024 12h55
Le lien des marchands de sable
Résumé de l'émission
Longtemps les petits humains ont été endormis par des marchands de sable qui relevaient de l’imaginaire de l’enfance et qui œuvraient dans nombre de contes et de légendes liés au sommeil. Ils débarquaient dans les chambres des enfants à la nuit tombée pour les endormir d’une poignée de sable dans les yeux. Le marchand de sable des contes d’Andersen était sympathique. Il endormait les petits danois d’un souffle dans le cou avant d’enluminer leur sommeil de jolies histoires. Mais le marchand de sable des contes d’Hoffmann était un alchimiste démoniaque qui finissaient par inciter les humains à tomber sous l’emprise des automates jusqu’au point de devenir eux-mêmes des marionnettes sans fil. Ils sont si nombreux les marchands de sables qui cherchent aujourd’hui à endormir les adultes en leur distillant l’opium de l’adrénaline, de la haine, de l’égoïsme, de l’indifférence ou du rejet : beaux parleurs qui se disent prêcheurs ou informateurs et qui se prétendent experts en se bombardant rois au royaume des aveugles que nous devenons, où ils règnent en faux politiques et en faux journalistes borgnes, arborant le pavillon à tête de mort des pirates de basses mers, des corsaires au petit cours, dans les sociétés démontées.
Ils ne cessent de faire monter la pression. Leur sable nous embrouille et nous assomme. Ils sont eux-mêmes des automates policés, des machines sans cœur et sans âme et cherchent à nous inculquer le virus qu’ils incarnent : celui de ces mensonges qui risquent de nous transformer tous à notre tour en automates, en marionnettes avec ou sans fils, ne pensant plus et marchant servilement au pas sans plus jamais réfléchir. Dans les années 1930 le monde avait déjà été envahi par des marchands de sable, par des automates qui ne brillaient que par leurs gesticulations saccadées, par leurs vociférations, par leurs incantations et par leurs anathèmes. Ils étaient arrivés à embrigader des bataillons d’automates qui avaient fini par accepter de marcher au pas de l’oie et de lever le bras. Aujourd’hui les marchands de sable se répartissent les rôles : certains jouent les gentils, d’autre jouent les méchants. Ils peuvent être les automates simulateurs de la parfaite civilité ou au contraire les automates de la provocation soigneusement préméditée. Devant eux des bataillons d’automates en partie résignés, qui se méfient les uns des autres, qui songent à leurs fins de mois difficiles, qui rouspètent tous les jours, qui se révoltent tous les dix ans, qui boudent les élections, et qui vivent la plus souvent la tête baissée.
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