Les deux professeurs de Royan
Résumé de l'émission
Les deux professeurs de Royan.
Léonce Laval : une rue de Royan porte son nom. Marié et père d’un enfant, Léonce Laval a 36 ans. Il est poète et professeur de lettres au collège de Royan. Sous l’Occupation, il s’engage dans la résistance communiste et devient un « petit soldat de l’encre », participant à la propagande clandestine avec son collègue Robert Dartagnan, mousquetaire de l’ombre, peintre et professeur de dessin. Arrêtés par la police française le 5 mars 1942, les deux enseignants sont fusillés comme otages au Mont-Valérien le 21 septembre 1942, en représailles à l’attentat du cinéma Rex à Paris. Léonce Laval avait été membre de la direction du parti radical-socialiste et de la Ligue des droits de l’Homme. Le 20 septembre 1942, la veille de sa mort, Léonce Laval écrit sa toute dernière lettre à son épouse Josette, sur sa carte de donneur de sang. Ce document a été retrouvé dans une cheminée de la prison de Fresnes. Le support de cette lettre prouve à quel point Léonce Laval aura donné son sang, dans les deux sens du mot.
20 septembre 1942
Josette adorée
Aucun espoir n’est plus permis. Nous serons fusillés demain comme otages. Je ne souhaite plus que de marcher vers la mort avec la même fermeté que je sens à la minute actuelle en mon cœur. Cela sera. J’espère qu’on te transmettra cette dernière pensée. Sois stoïque. Ne t’encombre pas outre mesure de mon souvenir. Pour notre Jacques, notre petit ange, songe à refaire ta vie, plus tard, en te disant alors que j’ai eu ma part, ma merveilleuse part Je meurs victime de la bêtise des uns, et de la rigueur des autres. Je pardonne à tous. Cette carte rappellera que je n’aspirais qu’à donner mon sang, non à verser celui des autres.
Depuis le premier aveu à la jeune fille que j’aimais et qui devint ma femme le 12 mars 1926, ma fidélité fut toujours absolue. Je vais mourir dans un état de pureté morale parfaite, ce qui explique peut-être la sérénité étonnante que je découvre en moi, malgré la claire conscience des périls qui vont vous menacer, mes chers amours, dans une vie où vous serez privés de votre appui le plus sûr.
Ma Josette, mon Jacques, parents, amis, je vous serre tous sur mon cœur qui aura bientôt fini de battre. Qu’on ne se méprenne pas sur mon calme. Personne n’aura jamais porté aussi haut et aussi loin toute la tendresse dont un cœur puisse être gonflé. Mais il faut faire semblant d’oublier pour mieux mourir.
Léonce
Jean-Pierre Guéno