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Actualité religieuse dans les médias

10oct13h0013h15Actualité religieuse dans les médias13h00 - 13h15 AnimateurCastelnau ClaudineÉmissionActualité religieuse dans les médias

Résumé de l'émission

« Les femmes doivent  couvrir leur corps, ni trop ni trop peu. » C’est ainsi que The Continent, un magazine hebdomadaire africain résume la situation déclenchée par une jeune femme rwandaise qui avait assisté à un concert à Kigali habillée d’une robe noire totalement transparente et laissant voir des sous-vêtements noirs aussi. Une semaine après le concert, la police rwandaise avait arrêté la belle et elle avait été retenue en détention 10 jours pour « conduite indécente », une loi qui remonte à l’ère coloniale. Sauf que depuis, les femmes sont majoritaires au Parlement rwandais et qu’elles ont été rudement interpelées sur les réseaux sociaux qui questionnent leur mutisme et leur silence : « A quoi sert d’avoir une majorité de femmes au Parlement ?  Où sont ces supposées leaders lorsqu’on a besoin d’elles ? Comment une jeune femme de 24 ans peut-elle être mise en prison pour sa manière de s’habiller ? C’est si minable ! » a réagi une Rwandaise citée par le magazine. Et les réactions se sont multipliées dans le même sens, d’autant que le porte-parole de la police a cru bon de dénoncer à son tour les mini jupes, trop mini à son goût et d’autres les jeunes qui boivent trop, les tenues indécentes et le nombre de grossesses parmi les adolescentes. Une pétition en ligne a appelé à la libération de Lillian Mugabekazi et elle a été libérée. Plus curieux, le mufti du Rwanda (un mufti est un interprète de la loi musulmane et peut émettre des fatwas) en avait émit une interdisant de porter le niqab (le visage couvert) que les dévotes musulmanes peuvent porter. Il avait justifié sa fatwa en déclarant que ces voiles avaient été utilisés par des terroristes de part le monde et mettaient la sécurité du pays en danger… A toutes ces justifications sur l’habit des femmes, une avocate spécialisée dans la défense des femmes pointe du doigt une société où « le sexisme grandit, au nom de la culture rwandaise et de la moralité du peuple.  Nous sommes en train de devenir une société où l’on justifie le sexisme et les violeurs par le nombre important de grossesses des adolescentes à cause de leur manière de s’habiller ! C’est décevant ! »

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Le patriarche orthodoxe russe de Moscou et de toutes les Russies, qui n’hésite pas à proclamer que « Dieu a  placé [Vladimir Poutine] au pouvoir », n’a pas manqué de souhaiter « des forces physiques et morales pour de nombreuses années encore » au leader du Kremlin dont c’était le 70e anniversaire, la semaine passée.  Des louanges à faire rougir le maître du Kremlin, une pluie d’éloges en dépit de la situation  d’isolement international et des revers militaires qui s’accumulent en Ukraine. L’attentat contre le fameux pont de 14 km, qui relie la Crimée à la Russie semble d’ailleurs avoir été une manière pour les Ukrainiens de « fêter » à grand bruit les 70 ans de Poutine pour lui rappeler que la Crimée appartient toujours au peuple ukrainien ! Dans son message, le patriarche orthodoxe Kirill a loué le dirigeant Poutine pour « la transformation de l’image de la Russie, le renforcement de sa souveraineté et de ses capacités défensives, la défense des intérêts nationaux.  Vous avez acquis la réputation d’un leader loyal à sa Patrie et qui l’aime sincèrement et lui donne toutes ses forces », a souligné Kirill. « Que vos forces ne s’épuisent pas et que l’aide de Dieu pour vous soit grande. » De là à penser que Poutine mène une guerre sainte avec l’aide de Dieu… Un « Got mit uns » à la russe. Il y a des années que le patriarche Kirill, en place depuis 2009, a mis son Eglise au service du Kremlin en échange de pouvoir et d’avantages importants, entre autres financiers. En 2012 déjà, il n’avait pas hésité à qualifier Poutine de « miracle » pour la Russie. Et bien sûr, le religieux soutient sans état d’âme l’offensive russe contre l’Ukraine. Il a appelé à « faire corps autour du pouvoir » pour vaincre les « ennemis » de l’union historique entre la Russie et l’Ukraine et a assuré que les militaires russes mourant au combat seront « lavés de leurs péchés ». Le salut en échange de leur sang…

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Le patriarche Kirill, chef des orthodoxes russes depuis 2009, a mis son Eglise au service du pouvoir de Vladimir Poutine et l’avait déjà qualifié en 2012 de “miracle” pour la Russie. Les deux hommes partagent l’ambition d’une Russie conservatrice dominatrice. Ils s’entendent en particulier sur l’idée d’une décadence morale, d’un Occident en déclin, notamment du fait de la tolérance à l’égard des LGBT. La semaine dernière encore, Vladimir Poutine avait dénoncé l’avènement du “satanisme”.Le soutien sans faille de Kirill à Poutine lui a valu depuis l’été des sanctions internationales comme « agent de désinformation et de propagande russes. »  Enfin, plus grave, le concile de l’Eglise orthodoxe ukrainienne rattachée à Moscou a annoncé en mai dernier qu’elle rompait les liens avec le patriarche Kirill et déclaré qu’elle devenait « pleinement indépendante » des autorités spirituelles russes : « Nous ne sommes pas d’accord avec le patriarche moscovite Kirill (…) en ce qui concerne la guerre en Ukraine », a expliqué dans un communiqué l’Église orthodoxe russe en Ukraine à l’issue d’un concile consacré à « l’agression » russe contre son pays. Lors de ce concile, cette Eglise qui avait tenté de conserver des liens avec le Patriarche de Moscou auquel elle était subordonnée, a décidé « la pleine indépendance et l’autonomie de l’Église orthodoxe ukrainienne »  le concile a appelé à « mettre fin à l’effusion de sang ». La nouvelle Eglise orthodoxe ukrainienne a aussi souligné, dans son communiqué : « Le concile condamne la guerre, qui est une violation du commandement de Dieu ‘Tu ne tueras point’, et exprime ses condoléances à tous ceux qui souffrent à cause de la guerre. » Et le porte-parole de cette Eglise a précisé « son rejet total de la position du patriarche Kiril : non seulement il n’a pas condamné l’agression militaire de la Russie, mais il n’a pas non plus trouvé de mots pour le peuple ukrainien qui souffre. »  On notera que ce schisme orthodoxe est le second en Ukraine en quelques années. Une partie de l’Eglise ukrainienne du patriarcat de Kiev avait déjà rompu en 2019avec Moscou dont elle dépendait pour prêter allégeance au patriarche orthodoxe Bartholomée, primus inter pares (une primauté d’honneur) et grand rival religieux de Kirill, basé à Istanboul. L’Eglise ukranienne était depuis l’invasion russe de l’Ukraine approuvéepar Kirill dans une situation intenable et des centaines de prêtres orthodoxes avaient signé une lettre ouverte appelant à faire juger le patriarche par un tribunal religieux à cause de ses positions sur le conflit ukrainien. A noter aussi que l’Ukraine est centrale pour l’Église orthodoxe russe, dont certains des monastères orthodoxes les plus importants sont situés dans ce pays.  Certains comme le monastère orthodoxe de la Sainte Dormition situé dans la région de Donetsk, en Ukraine orientale et rattachée au patriarcat orthodoxe de Moscou a été la cible d’une attaque russe le 30 mai dernier, tuant 4 religieux et des laïcs dont le doyen du monastère, ou Laure, nom donné aux monastères dans l’Eglise orthodoxe et les Eglises orientales. La Laure de la Sainte Dormition de la Mère de Dieu qui a été bombardé est un monastère important et historique dans l’histoire orthodoxe.  Sa fondation remonterait peut-être au 13e siècle, lorsque des moines de la Laure de Kiev se sont réfugiés dans cette région, fuyant l’invasion mongole. Le monastère a aussi été dévasté à plusieurs reprises par les Tatars de Crimée toute proche. Et aujourd’hui encore, le monastère est un lieu de refuge pour des civils fuyant la guerre actuelle sur le sol ukrainien.

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RÉSIDENT au Brésil après y avoir travaillé plusieurs années, j’ai apprécié votre article qui présente une vue synthétique des relations entre évangéliques et politique au Brésil.
Je regrette cependant qu’il évoque peu les compromissions d’une majori- té de pasteurs dans leur soutien
à Jair Bolsonaro, lequel n’a pourtant eu de cesse d’attaquer les institutions démocratiques, de libéraliser la vente d’armes à feu (+133% en 4 ans),
de faire obstacle à la vaccination contre le Covid (avec un impact estimé à 95000 morts supplémen- taires par la commission d’enquête parlementaire), de promouvoir
la haine, la déforestation
de l’Amazonie et l’élimination
des Indiens, et de faire l’apologie des tortionnaires sanglants de la dictature (1964-1985). Qui a affirmé que s’ils avaient existé à l’époque, Jésus aurait bien sûr porté des pistolets ! Ce qui n’empêche pas de nombreux leaders évangéliques de le présenter comme l’oint du Seigneur.

Comme le constate la jeune députée Tabata Amaral, «Si Jésus-Christ décidait de vivre à nouveau parmi nous, le plus probable est qu’il serait persécuté, attaqué et qualifié de communiste et de malfrat par beaucoup de ceux qui aujourd’hui utilisent son nom pour se maintenir au pouvoir. […] Les vrais chrétiens ne peuvent se taire devant l’utilisation du nom de Dieu

et de l’Église à des fins si opportu- nistes». En effet, souligne l’anthro- pologue Juliano Spyer, qui a écrit avec empathie un livre devenu une référence sur les évangéliques:
«Le pasteur déterminé et charisma- tique entrera en politique grâce

au soutien de son église et des fidèles, sans avoir de cause particulière
à défendre, mais comme une opportu- nité d’améliorer sa situation écono- mique, d’accroître son pouvoir,

de favoriser son église […]
Les parlementaires du groupe évangé- lique ne se mobilisent pas contre
la corruption, pour défendre des projets visant à améliorer la santé
et l’éducation, méprisent les perspec- tives sociologiques ou mêmes chré- tiennes à propos de la violence, pour défendre la répression policière
et l’emprisonnement comme moyens de réduire la violence urbaine.»
En cette période électorale, l’intolé- rance et l’offensive contre la gauche se sont exacerbées: de très nombreux pasteurs prêchent en faveur
de Bolsonaro et font circuler des
fake news selon lesquelles Lula établirait une dictature communiste
et fermerait les églises.
Effectivement, certains pasteurs progressistes appuient Lula, mais leur situation est difficile. En septembre,
la Convention baptiste du Brésil
a contraint à la démission le pasteur Dusilek, président de la Convention de Rio, pour avoir osé participer
à une réunion de pasteurs avec Lula. Le philosophe Joel Pinheiro
da Fonseca pose la bonne question: «Comment certaines églises au- jourd’hui, qui prétendent suivre Jésus, justifient-elles de se prosterner devant Bolsonaro en échange de la gloire
du royaume de ce monde?»
Avec la croissance continue
du nombre de pentecôtistes, c’est l’avenir d’un Brésil laïc, tolérant
et démocratique qui est en jeu.

PATRICK PLUEN

 

 

 

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