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Recensement religieux en Angleterre et au Pays de Galles

07déc19h0019h15Recensement religieux en Angleterre et au Pays de Galles19h00 - 19h15 AnimateurCastelnau ClaudineÉmissionActualité religieuse dans les médias

Résumé de l'émission

Les résultats d’un recensement de la population d’Angleterre et du Pays de Galles en 2021 viennent d’être publiés par l’Office national des statistiques pour l’Angleterre et le Pays de Galles.

Ce recensement, que le quotidien britannique The Guardian, ce week-end, commente révèle une baisse importante de l’appartenance au christianisme alors que l’islam, en revanche, est de plus en plus répandu.  Ainsi de 2,7 millions de personnes qui se déclaraient musulmanes en 2011 (soit 4,8% de la population d’Angleterre et du Pays de Galles) l’islam est aujourd’hui la religion de 3,9 millions de personnes en 2021 (soit 6,5%) dans ces deux provinces britanniques. Le quotidien britannique The Guardian qui commente ces résultats écrit : « Les humanistes et les laïcs se sont emparés de ces résultats comme preuve de la nécessité d’une refonte du rôle de la religion dans une société où les évêques de l’Église d’Angleterre (anglicane), c’est-à-dire représentant officiellement la religion de l’Etat votent les lois et le culte chrétien est obligatoire dans toutes les écoles qui n’ont pas un lien religieux autre (comme une école musulmane). » Devant les chiffres de ce recensement, constate le responsable de la National Secular Society une association qui défend la laïcité, on ne peut que constater que : « C’est officiel, nous ne sommes plus un pays chrétien. » Et en effet, le recensement donne à voir une population qui s’est radicalement éloignée du christianisme et de la religion dans son ensemble. Le constat avait déjà été fait lors d’une enquête en 2018 sur les attitudes sociales en Angleterre et au Pays de Galles qui avait déjà trouvé que seulement 12 % des Anglais se déclaraient anglicans comparés aux 40 % en 1983. Alors, aussi bien les humanistes que les laïcs se sont emparés des résultats du dernier recensement comme la preuve qu’il faut remettre en question le statut officiel de l’Eglise anglicane d’Angleterre dans l’Etat britannique, un statut « injuste et antidémocratique » à leurs yeux et qui semble de plus en plus « absurde et intenable. » Ce qui ne signifie pas que le déclin de la religion équivaut à une « absence de valeurs », a rappelé le président de la Société des Humanistes du Royaume-Uni. « Nous vivons peut-être dans une société plus axée sur les valeurs que jamais auparavant , a-t-il tenu à préciser. Les enquêtes montrent, par exemple, qu’environ trois adultes britanniques sur 10 ont des croyances et des valeurs humanistes, et c’est une tendance que nous avons constatée ces dernières années. Les humanistes disent qu’ils font confiance à la science plutôt qu’au surnaturel, fondent leur éthique sur la raison, l’empathie et le souci des humains et des autres animaux sensibles et qu’en l’absence d’au-delà, les êtres humains peuvent agir pour donner un sens à leur propre vie en recherchant le bonheur dans cette vie. Et en aidant les autres à faire de même. »

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La question va se reposer lors du couronnement de Charles III le 6 mai prochain. La cérémonie du sacre d’un souverain britannique se déroule traditionnellement à l’abbaye de Westminster, près du Parlement, à Londres, depuis le couronnement de Guillaume le Conquérant, duc de Normandie, le jour de Noël, 25 décembre 1066, peu après qu’il ait réussi à envahir l’Angleterre cette même année. La cérémonie sera présidée par l’archevêque de Cantorbéry, primus inter pares de l’Eglise anglicane mondiale. C’est lors ce cérémonial religieux (très marqué chrétiennement) que Charles III va jurer d’être, comme ses prédécesseurs, le « défenseur de la Foi » et non comme il l’avait envisagé, « défenseurs des religions », une tentative d’inclure, dans ce cérémonial très chrétien, la diversité de ceux qui croient différemment (et sont probablement la majorité au Royaume-Uni aujourd’hui.) Mais il semble que l’on ait prévu d’ouvrir la cérémonie aux autres religions et cultures et que la langue du rite soit adaptée afin d’être plus aisément comprise par le peuple. Car, comme la rappelé l’un des organisateurs de la cérémonie, le roi est « couronné pour le peuple. » Enfin, le passé colonialiste britannique a resurgi à propos de la couronne que devait porter Camilla, lors de la cérémonie. Celle qui arbore le Koh-i-Noor, l’un des plus beaux diamants au monde, de 15 carats et d’une ûreté exceptionnelle.  Après mille péripéties, les Anglais le confisqueront au dernier roi des Sikhs, un enfant de 11 ans, pour l’offrir à la reine Victoria en 1850. Retaillé, il sera serti sur la couronne d’Elizabeth, la femme de George VI et mère d’Elizabeth II en 1937. L’Inde demandent périodiquement au gouvernement et à la couronne britanniques le retour de la pierre, revendiquant sa propriété légitime. Et considère que la porter lors du couronnement rappellerait une époque coloniale que l’on veut oublier !

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Il aura fallu près de trois mois de colère, de manifestations violentes, de morts (on parle de plus de 300 morts) et de manifestants emprisonnés parfois dans des conditions ignobles qui attentaient à leur vie et à leur dignité pour que le procureur général iranien Mohammad Jafar Montazeri annonce que la « police des mœurs » aussi nommée « patrouille de la guidance islamique » était supprimée.  La décision a été annoncée à Qoom, la capitale sainte du chiisme iranien, lors d’une conférence du procureur général : « La police des mœurs n’a rien à voir avec le pouvoir judiciaire, a-t-il expliqué. Cette police a été supprimée par ceux qui l’ont crée. » Le Monde rappelle https://www.lemonde.fr/international/article/2022/12/04/l-iran-annonce-l-abolition-de-la-police-des-m-urs_6152899_3210.html que la police des mœurs avait été créée sous le président ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad, pour « répandre la culture de la décence et du hijab ». Elle était formée d’hommes en uniforme vert et de femmes portant le tchador noir, qui couvre la tête et le haut du corps. Cette unité avait commencé ses patrouilles en 2006. Le rôle de la police des mœurs a évolué au fil des années, mais il a toujours divisé, même parmi les candidats à la présidentielle. Sous le mandat du président modéré Hassan Rohani, on pouvait croiser des femmes en jeans serrés portant des voiles colorés. Mais en juillet, son successeur, l’ultraconservateur Ebrahim Raïssi, a appelé à la mobilisation de « toutes les institutions pour renforcer la loi sur le voile », déclarant que « les ennemis de l’Iran et de l’islam voulaient saper les valeurs culturelles et religieuses de la société en répandant la corruption ».  Le procureur général a aussi évoqué, en même temps que la dissolution de la police des mœurs, une réforme de la législation concernant le port du voile. Le Monde et d’autres médias qui donnent cette nouvelle, ce 4 décembre, parlent « d’annonce surprise » considérée comme un geste du pouvoir iranien envers les manifestants. Cette annonce surprise, pourrait être un geste du pouvoir et une avancée notable pour la liberté des femmes qui en Iran sont contraintes de porter un voile islamique. Et l’on s’interroge sur la réalité de la dissolution de cette police tant redoutée et à l’origine de la mort en prison de Masah Amini, la jeune femme kurde trois jours après son arrestation par cette police pour « un voile mal mis ». Et l’on attend avec prudence une confirmation du gouvernement. Il reste que le voile est toujours obligatoire en Iran et que l’annonce de la dissolution de la police des mœurs pourrait n’être qu’une opération de diversion, de propagande menée par le régime. Certains spécialistes de l’Iran imaginent même la création d’une police plus répressive encore.

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Tout en conservant longtemps une complète indépendance, les rois du Bénin nouent avec les Portugais, les Hollandais, puis les Britanniques, des liens commerciaux. Mais les relations avec les Britanniques finissent par se ternir et, en 1897, des officiers qui insistaient pour rencontrer le souverain pendant un festival sacré sont éconduits, puis tués. Le 18 février de la même année, la ville d’Edo est prise d’assaut et mise à sac par un contingent de plus de 1 500 hommes lourdement armés. L’expédition se solde par un massacre, suivi du pillage des trésors du palais royal. Ceux-ci sont éparpillés à travers le monde occidental, certains vendus à des collectionneurs, d’autres cédés à de prestigieux musées. Perdus à jamais ? Un projet lancé il y a deux ans par un musée allemand à Hambourg a permis d’identifier plus de 5240 œuvres pillées en 1897 et conservées dans 131 musées de 21 pays, dont le principal est le British Museum de Londres qui refuse de rendre quoique ce soit. Contrairement au gouvernement allemand qui s’est engagé récemment à rendre 1130 objets nigérians. Plusieurs musées américains ont passés des accords semblables. Et un tiers des œuvres devraient rester dans des musées occidentaux sous forme de prêts. Mais c’est plus que des objets qui reprennent le chemin du Nigeria : « La restitution des trésors royaux – lorsqu’elle arrivera – nous permettra sûrement de panser certaines de nos plaies »  à commencer par la mort en exil d’un grand chef, chassé en 1897 par les Britanniques « et qui a laissé un vide impossible à combler ».  C’est ce qu’espère le conservateur du musée de Benin-City. Ce sont les liens culturels et religieux avec les ancêtres qu’on tente de renouer, c’est la place de objets restitués qui doit être repensée. A nous par ricochet de repenser aussi les richesses de l’art que nous ont laissé nos ancêtres, au-delà de leur valeur marchande !

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