Le « numérique » bouleverse aujourd’hui les façons de construire les connaissances, d’instituer le droit ou même de se réunir parce qu’il contourne les médiations symboliques traditionnelles telles que la connaissance, le droit et les groupes sociaux fondés respectivement sur les idées de théorie, de souveraineté et d’amitié. Le « numérique » accorde en revanche un privilège exclusif à la médiation du calcul qui est censée devenir productrice d’autorité scientifique, de justice et d’espace public.
Nous nous interrogerons à partir de deux livres sur le rapport que le numérique entretient aujourd’hui avec ces trois médiations traditionnelles que sont la connaissance, le droit et l’espace public :
– G. Longo, Le cauchemar de Prométhée. Les sciences et leurs limites, PUF, Paris, 2023.
– A. Garapon & J. Lassègue, Le numérique contre le politique, PUF, Paris, 2021.
Les médiations symboliques traditionnelles se donnent à elles-mêmes leur propre limite : c’est précisément parce que la réflexion épistémologique et philosophique sur le sens des limites est encore à construire dans le cas du numérique que nous vivons un moment de crise.