Hassen Chalghoumi

16avr16h1517h00Hassen Chalghoumi16h15 - 17h00(GMT+02:00) AnimateurGueno Jean-PierreÉmissionParcours sentimental

Résumé de l'émission

Hassen Chalghoumi est Franco-tunisien. Il est né en Tunisie en 1972. Il a donc 50 ans.

Il est le fils d’un vétérinaire originaire d’Algérie et d’une femme au foyer originaire de Bizerte, en Tunisie. Il a grandi dans la ville du Bardo à quelques kilomètres à l’ouest de Tunis. Sa famille était « religieuse mais libérale ». Il a été le seul des quatre enfants de sa famille à choisir de fréquenter une école coranique.

Il a suivi ses études secondaires à Tunis en section mathématiques au lycée Alaouit, un établissement réputé qui a formé nombre d’intellectuels, de ministres et d’imams.

En parallèle,  il a suivi des études religieuses à la mosquée Zitouna de Tunis, l’un des plus anciens lieux d’études religieuses, du monde musulman, fondé en 737. Ses détracteurs donnent de lui l’image d’un esprit très conservateur dans sa jeunesse. C’est un secret de Polichinelle, il l’a toujours dit ! Sa formation religieuse en Tunisie était partagée entre le tabligh, du plus parfait fondamentalisme, et la voie mystique du soufisme, celle de la tariqa al-tijaniya.

Après son bac, il décide de chercher les réponses aux questions qu’il se pose, afin de mieux comprendre sa religion. Il arpente les lieux de savoir à travers le monde musulman, comme l’ont fait avant lui nombre de savants religieux. Son parcours le mène du Maghreb à l’Inde en passant par la Syrie, la Turquie, par l’Iran, et par le Pakistan. Il a ainsi la chance d’appréhender la diversité des cultures de sa communauté de croyants. Il étudie à Damas, dans l’ancienne capitale de l’empire Omeyyades, avant de découvrir la Turquie puis cette « République des mollahs » qu’est l’Iran, en territoire chiite, en tant qu’observateur et non en tant qu’étudiant. Il y est choqué par la manière dont les femmes y sont cantonnées à la plus simple fonction reproductrice. La religion y instrumentalise la politique, diabolisant tout esprit critique et finissant par interdire  toute spiritualité. C’est ce qui le conduit jusqu’au sous-continent indien, à Dehli  en Inde et à Lahore au Pakistan pour y intégrer une école qui sépare, dans son enseignement, la religion et la politique. Elle n’évoque que l’au-delà, la relation avec Dieu. Le courant du tabligh prône ce travail de réforme personnelle ; il mêle austérité et spiritualité, dans le but de s’améliorer. Les non-musulmans, malgré le traditionalisme de ce courant de pensée, ne sont pas considérés comme des mécréants, mais simplement comme une seule et même famille, celle des « Gens du livre », comme l’énonce le Coran.

Après cette formation religieuse de cinq années, à travers le monde musulman, il vient en France en 1996. Il reste alors encore pleinement conservateur sur le plan des mœurs, tout en vivant une pure spiritualité, débarrassée de toute instrumentalisation politique. En venant en France, il devient imam à Bobigny, tout en jouant en parallèle un rôle de médiateur auprès des jeunes, de par ses compétences religieuses. Le destin le conduit à Drancy, dans cette ville tristement symbolique pour les juifs, d’où sont partis les convois de trains pour les camps de la mort. Il a  été naturalisé Français en l’an 2000.

Il est aujourd’hui Président de la conférence des imams de France ainsi que l’Imam et le doyen de la mosquée de Drancy, -Président de l’Association Musulmane de Drancy, fondée en 2002, -Fondateur de Forum des Imams de France en 2008 -et Président de l’Union des Peuples pour la Paix, fervent  partisan de la coexistence et du dialogue religieux depuis 2014 -Membre de la Commission européenne pour le dialogue et la communication interreligieuse -Militant de terrain dans le dialogue religieux, notamment entre Israël et Palestine pour la paix, notamment sur le sujet des imams et la médiation pour les jeunes. Il ne cesse  d’être un intermédiaire, un diplomate de la paix, de la synergie entre les religions et la laïcité. Il multiplie interviews, conférences et déplacements. Il est menacé et protégé. Ses ouvrages et ses démarches sont couverts de prix 100 idées reçues sur l’islam, 2015Pour l’islam de France, 2010 avec Farid Hannache – Agissons avant qu’il soit trop tard, avec le journaliste David Pujadas, 2012Les combats d’un imam de la république, 2021 . Il a reçu le Prix Copernic de la Paix 2013 en France – le Prix Blum Louis en 2016 à Grenoble – le Prix de la Paix du West Intel Institute à Los Angeles en 2016.

Son livre Libérons l’islam de l’islamisme remet les pendules à l’heure et combat aussi bien la minorité d’islamistes qui se comportent en ennemis de la République française que les extrémistes qui, en France, ont toujours cherché des boucs émissaires, avec les Juifs comme avec les Arabes. Hassen Chalghoumi considère que la laïcité est une chance pour les musulmans de France, qu’elle protège l’ensemble des religions et qu’elle constitue le meilleur moyen d’éviter la résurgence des guerres de religion. Mais surtout, à ses yeux, les femmes sont les meilleures vectrices de la sagesse au sein de l’islam et le meilleur des antidotes contre les dérives meurtrières de l’islamisme. Il en appelle à l’histoire, à la culture, à l’éducation parentale et à la reconquête de la langue arabe et des réseaux sociaux qui ne peuvent pas rester le monopole des radicalisés. Il revendique le patriotisme de ses semblables et leur amour pour leur pays. Pour lui, c’est aux musulmans qu’il incombe de libérer l’islam de l’islamisme. Adversaire acharné de l’antisémitisme, son livre irritera ceux qui en sont venus jusqu’à menacer sa vie et sa famille et l’obligent à vivre sous protection policière. Plusieurs fatwas ont été portées contre lui, dont l’une de l’État islamique (Daesh).

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