La mémoire de l’uchronie

26nov12h5513h00La mémoire de l’uchronie12h55 - 13h00 AnimateurGueno Jean-PierreÉmissionInstants d’Histoire

Résumé de l'émission

La mémoire de l’uchronie

L’uchronie repose sur le principe de la réécriture de l’Histoire à partir de la modification du passé. Elle décrit des événements qui auraient pu arriver, mais ne sont pas arrivés

Le « grand remplacement » cher à la haine et à la misanthropie de feu le candidat Président Eric Zemmour ne relève malheureusement pas de l’uchronie. Il aurait pu, s’il avait été cette invasion fantasmée qui nous menacerait en substituant à notre culture celle de tous les immigrés du monde en général et celle des musulmans en particulier. En vérité, le grand remplacement couvait depuis les années 30. Il vient de s’opérer en projetant un certain nombre d’ennemis de la République sur les bancs de l’hémicycle. Les médias ne vont pas manquer de banaliser le blanchiment des partis de l’extrême, parce qu’ils font le buzz, parce qu’ils sont propres sur eux et n’interrompent pas leurs interlocuteurs. Ils ont la patience du diable, celle de celui qui attend son heure.

Le grand remplacement s’est également opéré par le vide sidéral généré par les abstentionnistes qui sont devenus la première force politique du bateau France.

A présent place à l’uchronie. Si Jésus revenait sur terre, il aurait peut-être trois ans car il aurait dû affronter une très longue marche et bien des épreuves depuis sa naissance, heureusement guidé et donc un peu protégé par l’étoile du berger. Il lui faudrait traverser la Manche ou la Méditerranée quelques jours avant Noël. Il porterait un gilet de sauvetage et voyagerait sur un Zodiac surchargé. Il donnerait la main à Marie pour courir sur la plage avant d’embarquer. Et la crèche pourrait être vide le soir de Noël après le naufrage de l’enfant et de ses parents. Mais les partisans du Rassemblement National seraient présents, prétendant fêter un Noël chrétien, après avoir exclu et sacrifié les premiers sans papiers de l’histoire. Et l’étoile du berger serait en deuil ; elle serait orpheline, faute de bergers. On aurait tué le Christ dès l’enfance, sans avoir besoin d’attendre qu’il ait 33 ans pour le crucifier. Il serait mort noyé et son corps se serait peut-être englouti comme celui d’Antoine de Saint-Exupéry dans le fond d’une fosse marine, à moins qu’il ne se soit échoué sur une plage à l’image de la photo d’Aylan, le petit enfant syrien dont le spectre continue à nous hanter.

Jean-Pierre Guéno

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