Pierre-Benoît Roumagnou, agrégé d’histoire, docteur de
Sorbonne Université.
En octobre 1685, Louis XIV décida d’interdire la religion protestante dans son royaume, et d’interdire à ses fidèles de quitter le pays, les obligeant à se convertir au catholicisme. Des milliers de femmes et d’hommes réformés devinrent donc hors-la-loi. Certains se convertirent, parfois de façade ; d’autres prirent le chemin de l’étranger. Dans les deux cas, la capitale constitua un point de passage important.
La nouvelle police parisienne, née avec la création de la Lieutenance générale de police (1667), fut chargée de « la traque » de cette minorité religieuse. Elle adopta des méthodes brutales, parfois hors de tout cadre légal. Cet ouvrage relie trois thématiques : l’histoire des minorités religieuses, celle des migrations et de la clandestinité, et celle de la police. Une des thèses du livre est qu’on ne comprend pas la police parisienne d’Ancien Régime, sans faire l’histoire de cette traque contre les protestants au cours de l’année 1686.
La recherche se fonde sur des archives manuscrites, interrogatoires de suspects, dont beaucoup sont inédits. La première partie porte sur le rôle de la police pour forcer les conversions au catholicisme dès l’hiver 1685-1686. La deuxième partie analyse les tentatives de départ à l’étranger pour échapper aux persécutions. Paris fut une plaque tournante vers les pays dits du Refuge. La troisième partie analyse la façon dont la police s’intéressa aux protestants nouveaux convertis. Si la monarchie en autorisa certains à rentrer du Refuge, il fallait les empêcher de poursuivre clandestinement leur culte, et donc traquer les pasteurs. Il fallait aussi réintégrer ces « nouveaux convertis » dans la société catholique de l’époque : leur faire l’aumône et les faire entrer dans un métier.
