Le lien de l’exhibition

16mar12h5513h00Le lien de l’exhibition12h55 - 13h00 AnimateurGueno Jean-PierreÉmissionLe souffle du Diable et le soupir de Dieu

Résumé de l'émission

Le lien de l’exhibition

« Je suis vu, donc je suis » telle pourrait être la devise de ceux des praticiens des réseaux sociaux qui s’y exhibent en permanence et de façon outrancière au point de constituer une intrusion flagrante qui illustre leur narcissisme exacerbé. Notre seule motivation légitime lorsque nous intervenons sur ces réseaux plus asociaux que sociaux c’est d’apporter à nos interlocuteurs une information qui soit pour eux une plus-value et non une prédation, d’échanger nos passions, nos centres d’intérêt, de partager. Mais l’exhibition intrusive et démesurée finit par relever d’une forme de harcèlement. Elle traduit de la part de son émetteur une forme de pathologie, de manifestation de l’ultra-moi. Nul besoin ici de citer des noms. Les intéressés se reconnaîtront. Ils devraient avoir recours à un addictologue. Car ils sont bel et bien addicts à eux-mêmes, ces chevaliers du moi, hautement intoxiqués, en manque perpétuel de paraître faute sans doute d’être. Bien qu’étant souvent connus pour des compétences professionnelles incontestables, il leur faut nous infliger le moindre de leurs actes, les scories de leur vie quotidienne, chacun de leur mouvement d’humeur ou de leurs états d’âme. Nous ne devenons rien d’autre à leurs yeux que des miroirs, des faire-valoir. Ils nous confisquent à nous-mêmes. La langue française a un très beau mot pour les qualifier : ils sont des « m’as-tu-vu ». Ils souffrent du péché de vanité. Nous ne cessons de les subir. Leur comportement relève d’une forme d’onanisme qui visiblement n’arrive jamais à aboutir à la satisfaction du plaisir. Ils restent frustrés. Mais si nous les bannissions de nos « amis », de nos interlocuteurs agréés, ils vivraient encore plus mal. Nous les laissons donc divaguer. Ils vivent leur thérapie à nos dépens. Ils finiraient presque par devenir les dégâts collatéraux familiers des réseaux sociaux. « Encore lui » ? « Encore elle » ? Eh oui ! Toujours lui, toujours elle. Nous les zappons ceux qui voudraient profiter de l’effet pervers des réseaux sociaux qui transforment trop souvent leurs publics en voyeurs et leurs acteurs en pervers narcissiques.

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