Le lien de l’existence
Résumé de l'émission
Le lien de l’existence
Exister : du latin « existere », se montrer. On pourrait dire aujourd’hui faire le beau, faire son intéressant, faire les gros bras, vouloir en remontrer, vouloir en imposer. Le roi c’est moi : tel est le proverbe avec lequel les tyrans cherchent à se rassurer.
Angoisse existentielle fondamentale : et si notre existence relevait non pas du fait, mais de l’illusion, du mirage, de la spéculation, de la superstition, de la théorie ou de la croyance devenant aussi incertaine, aussi peu probable que celle des extraterrestres ? Alors même qu’il nous arrive de croire que c’est l’autre qui nous empêche d’être et qui nous nie en restreignant notre espace vital , nous n’existons que par l’autre et par les autres.
Le premier « tu » pourrait remplacer le « je » dans l’expression de Descartes : tu penses donc je suis. La religion du moi reste la source de toutes les guerres de l’humanité. Toutes les religions de l’autre qui nous viennent du paradis que l’on dit perdu deviennent des religions du moi lorsqu’elles se pervertissent après s’être radicalisées. Il y a six ans, un homme a créé un parti qu’il n’a jamais structuré sur les décombres de partis politiques qu’il a prétendu révolus. Ce parti n’a pas cessé de changer de nom parce qu’il est virtuel : « En marche ! » en 2016, « La République en marche » en 2017, « Renaissance ! » en 2022.
A quelques exceptions près, la plupart des ministres et des élus actuels sont inconnus sinon d’eux-mêmes. Ils devraient créer un parti qui pourrait être celui des « moyalistes » et qui ferait semblant de fédérer les blasons de leurs Egos. Nous devrions souhaiter ardemment que notre Nation soit agrégation de une de communautés, un melting pot facteur de brassage et d’assimilation. Car elle n’est aujourd’hui qu’une désagrégation d’Egos qui se pulvérisent les uns les autres et qui ne génèrent que des « professions de moi » indigestes. Ils ont tous une devise secrète : « Je m’adore ! ». Le 27 octobre 2019 le pape François a qualifié d’hypocrite la «religion du moi», celle qui rejette l’autre et oublie que le vrai culte passe toujours par l’amour du prochain.
Jean-Pierre Guéno