Le lien du sol et de la tombe

11mai12h5513h00Le lien du sol et de la tombe12h55 - 13h00(GMT+02:00) AnimateurGueno Jean-PierreÉmissionLe souffle du Diable et le soupir de Dieu

Résumé de l'émission

Le lien du sol et de la tombe

Il n’y a qu’un lien du sol totalement incontestable : c’est celui de la tombe. Selon les croyances, celui du hasard, de la providence, du destin, de la volonté de Dieu, de la chance, de la malchance, dans tous les cas de la fatalité qui nous fait rejoindre la terre pour la nourrir. Victor Hugo le rappelait dans La légende des siècles : « Quelle ineptie de prétendre que je suis moins homme sur un point de terre que sur l’autre ! Vous me dites : Nous sommes chez nous et vous n’êtes pas chez vous ! – Où ? Ici ? Vous n’avez qu’à creuser une fosse, et vous verrez que la terre m’y recevra tout aussi bien que vous. » Longtemps certains hommes ont pensé que la naissance ou la connaissance leur conférait des droits. On pouvait naître de « noble lignée » ou être entré dans l’état ecclésiastique, ce qui permettait à « l’aristocrate » et au « clerc » de régner sur les humbles et sur les roturiers, sur les « bourgeois » comme sur les « vilains ». Selon que l’on naisse dans un pays libre et démocratique ou parmi les « Dalits » de l’Inde et de l’Asie du sud, ces « intouchables », ces parias considérés comme « hors castes », le lien du sol natal peut relever du cauchemar ou de la bénédiction. « Qu’avez-vous fait pour tant de biens ? vous vous êtes donné la peine de naître, et rien de plus. » disait Figaro sous le plume de Beaumarchais dans Le Mariage de Figaro, cinq ans avant la révolution française. Figaro, dans son monologue, était encore sous la vérité : ce sont nos mères qui nous mettent au monde dans la souffrance de l’accouchement. Notre « peine de naître » n’est que toute relative par rapport à celle qui est la leur. Suivant qu’elle nous serve de tremplin émancipateur ou de prison, notre terre natale nous sert de berceau ou de carcan. Elle nous confère le devoir de nous épanouir ou de nous révolter. Nous sommes tous les citoyens du même monde qui est notre vrai sol natal. S’il existe des droits du sol, ils sont universels, et ils sont ceux de nos semblables quand ils méritent que nous les respections. Ceux qui ne le comprennent pas sont véritablement « hors-sol ».

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