Le populisme en action
Résumé de l'émission
Invités : Alain Dieckhoff, auteur de Populismes au pouvoir (avec Christophe Jaffrelot et Elise Massicard), Presses de Sciences Po, 2019 ; et Federico Tarragoni, pour L’esprit démocratique du populisme (La Découverte, 2019)
«Populisme», voilà bien un mot qui a fait retour ces dernières années, en s’étant étrangement délesté de sa dimension péjorative.
N’a-t-on pas vu Jean-Luc Mélenchon revendiquer être populiste, voire le «peuple souverain» tout entier ? N’a-t-on pas vu des leaders au pouvoir, de Matteo Salvini en Italie à Hugo Chavez au Venezuela, se réclamer du populisme ? L’appel au peuple semble désormais l’emporter sur la référence à la nation ou aux classes sociales. Sauf que le «peuple» est innombrable, infigurable et finalement introuvable. C’est d’ailleurs ce qui fait sa dimension plastique, et son appropriation fantasmée par des intellectuels et par des partis politiques très divers.
Se réclamer du populisme, pour quoi faire ?
Pour mettre fin à la crise de la représentation, pour renforcer la participation citoyenne, pour supprimer la professionnalisation politique, pour porter des réformes sociales d’envergure, redistribuer les richesses, voire, symboliquement, redonner de la fierté à des groupes sociaux ou à tout un pays. Se réclamer du populisme pour aussi incarner le peuple, et le personnaliser. Avec cependant l’expérience d’un basculement autoritaire, quand le chef fait face à des oppositions ou découvre qu’il doit gérer une société plurielle. C’est le moment où le populisme se confronte à l’épreuve du pouvoir et renie ses idéaux. C’est aussi le versant sombre des mouvements qu’on a vu naître ces dernières années. Alors, le populisme est-il un extrémisme ou une idée à explorer à nouveaux frais ?