Avec Bernard Sergent, historien, spécialiste en mythologie comparée, président de la Société de Mythologie Française.
En France, comme partout dans le monde, peuples et religions se sont succédé, les uns chassant les autres. Bien des croyances refoulées perdurent dans notre vie quotidienne. Des saints, toujours vénérés, ont en leur temps lutté contre des dragons, se sont promenés une fois décapités la tête entre les mains, sont morts et ressuscités plusieurs fois, ont vécu en bonne entente avec les bêtes sauvages en parlant leur langage, ont multiplié les prodiges, répétant les gestes d’anciennes divinités oubliées. Il est désormais largement admis que les églises ont souvent été bâties à l’emplacement des anciens temples. Les anciennes légendes reprennent vie à travers de nouveaux récits. Il y a succession, superposition, et non remplacement. Et l’on peut considérer que la “mythologie française” est faite de l’accumulation, de l’assimilation, de la mise en résonance, de la conjonction ou de l’opposition de tous ces apports successifs.
