La comédienne et réalisatrice Aïssa Maïga est ce 27 Novembre 2021 à 19h00 l’invitée du Vrai Monde de Pierre Gaffié. Sa carrière d’actrice, prolifique, aventurière, s’est toujours doublée d’un regard sur le monde, le monde intérieur (ses films pour Abderahhamane Sissako ou Alain Gomis) ou le monde extérieur, à l’image du livre qu’elle a impulsé et co-signé sur les discriminations que subissent des artistes pour leur couleur de peau (“Noire n’est pas notre métier”, éditions “Points”). A Cannes, Aïssa Maïga a créé l’évènement avec son documentaire “Marcher sur l’eau”, portrait d’un monde privé d’eau (ici le Niger) et de ce fait des droits élémentaires à l’éducation ou la justice.
Dans Le vrai monde, nous consacrerons la première partie de l’émission à ce film singulier et pluriel (par sa multiplicité de points de vues), documentaire sans voix-off, qui donne à réfléchir, et à agir, loin des films à thèse pollués par un regard du genre “Je sais tout, écoutez moi !”. Aïssa a fait un film à son image, humble mais direct, fait un film qui claque (les larmes ne sont jamais loin), sans faire craquer. Ces hommes et ces femmes du village de Tatiste se battent, pour eux et pour nous aussi.
Dans la deuxième partie, Pierre Gaffié a demandé à l’artiste de parler de son panthéon personnel, en l’occurrence 3 films (de Truffaut, Haneke et Sissako) et de Mishima, dont Aïssa Maïga lira quelques lignes tirées du “Tumulte des flots”.
L’émission démarre par le rendez-vous à présent rituel de l’analyse des yeux de l’invitée, faite par Anne Rioux, spécialiste du méta-langage…
« Filmer sous une forme de dénuement, en rendant hommage à la dignité que déploie les gens chaque jour pour prendre soin d’eux, rester debout, éduquer leurs enfants.
Et pour moi, cela passait par une forme, une esthétique et pas simplement de raconter la dureté de leur vie. »
« Raconter la grande histoire de ce que le climat, dans son changement drastique, provoque.
Proche de leur peine, mais aussi de leur moment plus léger, dans leur existence. »
« Je voulais que les spectateurs puissent s’identifier et surtout ressentir une forme d’empathie. »
« Je voulais détourner ce biais de la misère en provoquant une proximité entre les personnes qui regardent et les êtres qui sont filmés. »
« Tous ces voyages que j’ai fait sur le continent africain et les liens que j’ai pu tisser, tout cela à dissocier l’idée de misère et de malheur. La très grande pauvreté pose d’énormes problèmes et peuvent provoquer des dépressions. »
« On ne peut pas réduire les gens à leurs conditions sociales et environnementales. »
« Il donne à voir la condition féminine mais également, à entendre la parole des femmes. À ce sens que ce film est d’abord humaniste et que le féminisme est un humanisme, donc les 2 pour moi, sont complètement associés. J’ai établi une réelle connexion avec ces femmes. »
« Ce film est cet équilibre entre la parole des enfants, des femmes et des hommes. Que l’on puisse embrasser toutes ses réalités à travers les personnes qui sont à l’écran. »
« Avant le manque d’eau, la misère, le dénuement, je voulais vraiment qu’on entre dans une famille, dans une communauté et qu’on sache un petit peu qui sont ces gens, que l’on ait envie de les suivre et de les regarder. » « J’ai aimé dans un format cinémascope, aller vraiment très très près des visages et des regards et en même temps, être perdu dans l’immensité du Sahel. »
La comédienne et réalisatrice Aïssa Maïga est ce 27 Novembre 2021 à 19h00 l’invitée du Vrai Monde de Pierre Gaffié. Une émission à retrouver en podcast.