La première partie des années 90 va marquer l’avènement des maisons de disques toutes puissantes. Le CD a presque terminé de cannibaliser le vinyle, les chaines musicales explosent, le disque devient un produit de consommation à qui on autorise la publicité à la télé. Les directeurs artistiques se sont transformés en directeur marketing. La musique doit se vendre !
Comme tout produit il faut identifier une cible, et pour cela quoi de mieux que les étiquettes. La musique populaire devient alors un monde imperméable, dans l’esprit des chefs de produits, ceux qui écoutent du funk, ne peuvent s‘intéresser au hard rock, ceux qui écoutent du métal ne connaissent rien à la pop anglaise, et les amateurs de variété française n’ont que faire des groupes new wave.
Seulement voilà, ce qui se passe dans la vraie vie échappe aux responsables en costume cravate plus préoccupés par les chiffres de vente que par le talent des artistes qu’ils produisent. Aux États-Unis le clivage entre la musique dites noires et la musique blanche continue d’exister, malgré les efforts d’ouverture de chaines comme MTV. Caricaturalement : les blancs font du rock et de la pop, et les noirs font du rap ou du funk… Sauf que… les lignes vont bouger. Le premier marqueur date de 1986, lorsque RUN DMC va donner une seconde vie au groupe Aerosmith en les invitant sur le clip de Walk This Way. Quelques années plus tard, les choses vont s’accélérer. Fishbone ou Living Colour, groupe composé de musiciens afro américain vont délivrer un rock brut et musclé, sans renier leur culture du groove ou du reggae, et les blancs becs de Red Hot Chili Peppers vont tout chambouler avec leur basse groovy et leurs guest estampillés funk ou pfunk. Les ventes sont imposantes. Les majors sont dépassées. Si il y a un public il faut marketer cela. Une nouvelle étiquette apparait : le rock fusion aussi appelé dans les cours de lycée et les fac « la fusion ».
Chaque grand label va partir à la recherche de ses artistes « fusion », permettant a certains de produire de belles
choses… Mais rapidement, ce qui était arrivé de manière naturelle et presque magique ; ce qui témoignait d’une grande liberté chez les musiciens, va commencer à avoir un gout de fabriquer, le soufflet va retomber et les girouettes des majors vont tranquillement se détourner, puisque du côté de Seattle, Nirvana et Pearl Jam commencent à se faire entendre.. Tiens… et si on leur trouvait une étiquette.. Le grunge allait naitre…
Aujourd’hui l’invité de Raphaël Melki pour La Musique se Livre est Jean-Charles Desgroux, pour son ouvrage Rock Fusion – Funk, Hip-Hop, Nü-Metal & autres métissages (mars 2021 – éd. Le mot et le reste).
Jean Charles Desgroux est un spécialiste du hard rock et du heavy metal. On a pu déjà le lire dans les revues Rock Sound, Crossroads, Rock&Folk. Il a également écrit des biographies d’artistes comme Alice Cooper, Ozzy Osbourne et Iggy Pop.
Tous les deux vont aborder ces belles années ou le rock fusion était un terrain de jeu créatif, et voir quels en ont été les héritiers.
La fusion dans La Musique se Livre, c’est ce samedi 8 mai à 22h00 sur notre antenne (100.7FM / web / DAB+), à retrouver par la suite en podcast.