Le premier scrutin des élections législatives s’est traduit par une première victoire pour les candidats de la NUPES et ceux de la majorité présidentielle. Retour sur les enjeux d’un vote marqué par une abstention record et qui pourrait redessiner durablement le paysage politique.
« J’appelle notre peuple, au vu du résultat et de l’opportunité extraordinaire qu’elle présente, à déferler dimanche prochain pour rejeter les projets funestes de la majorité de Monsieur Macron ». Au lendemain du premier scrutin des élections législatives, le fameux “troisième tour” tant attendu par les trois candidats arrivés en tête de l’élection présidentielle s’est traduit par un record d’abstention (52,49 % des votants ne se sont pas déplacé aux urnes) et un véritable tour de force pour la coalition formée par la gauche, et réunie derrière la figure de Jean-Luc Mélenchon. En effet, avec 25,66 % des voix, la Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale est au coude à coude avec le parti de la majorité présidentielle, qui a obtenu 25,75 % des suffrages. Une victoire relative pour Ensemble ! puisque le parti termine en tête avec seulement 21 000 voix d’avance. Aussi, la menace d’une absence de majorité absolue au sein de l’Assemblée nationale est réelle.
Pour être assuré de pouvoir gouverner librement, le parti au pouvoir doit obtenir au moins 289 sièges, synonyme de majorité absolue. Or les projections donnent le parti du président entre 275 et 310 sièges. Les réactions au sein de la majorité présidentielle étaient donc mesurées, le 12 juin au soir. Au QG de campagne rue du Rocher, dans le VIII arrondissement de Paris, Elisabeth Borne a pris la parole aux alentours de 21 h, pour expédier un discours en moins de 5 minutes. L’actuelle Première ministre et candidate dans la 6ᵉ circonscription du Var est arrivée en tête avec plus de 34,9 % des voix et affrontera dimanche prochain Noé Gauchard, le candidat investi par la NUPES qui a obtenu 24,5 % des suffrages. “Nous sommes la seule force politique en mesure d’obtenir une majorité forte et claire” déclare-t-elle depuis son pupitre, devant une salle où les militants n’étaient pas conviés. L’incertitude demeure totale pour dimanche prochain et le match s’installe entre les deux grandes forces politiques. En effet, le second scrutin opposera la NUPES et Ensemble ! dans 272 circonscriptions.
Barrages, barrages
Pourtant, la majorité présidentielle n’a pas donné de consigne de vote, alors même que la NUPES et le RN seront en duel dans 59 circonscriptions. Le gouvernement d’Elisabeth Borne indique vouloir procéder au cas par cas, tout en affirmant ne pouvoir apporter son soutien à certains candidats de la NUPES jugés “anti-républicains”. Une absence de consigne qui provoque l’indignation des candidats investis par la NUPES. Alors même que ces derniers avaient appelé à voter pour Emmanuel Macron afin de faire barrage à l’extrême droite au second tour de l’élection présidentielle, les membres du parti issu de la majorité présidentielle n’ont pas hésité à inviter à faire barrage à la NUPES elle-même : “Je veux rassembler tous ceux qui souhaitent faire barrage à l’extrême gauche au Second tour”, tweetait par exemple ce matin Roxana Maracineanu, candidate soutenue par Emmanuel Macron et qualifiée face à Rachel Kéké dans la 7ᵉ circonscription du Val-de-Marne.
Hémisphère droit
De l’autre côté de l’échiquier politique, le score du Rassemblement National est en progression par rapport à 2017. Il comptabilise 19 % des suffrages contre 13,2 % il y a 5 ans. Le parti de Marine Le Pen pourrait obtenir un groupe parlementaire – pour lequel 15 députés sont nécessaires – au sein de l’hémicycle, une première dans son histoire alors qu’il ne comptait jusqu’à présent que 8 sièges. Pour les Républicains, qui remportent 14,3 % des suffrages, le parti vise une cinquantaine de sièges. Un résultat en forte baisse par rapport à 2017, où le parti avait récolté 21,56 % des suffrages, mais qui assure sa survie politique, notamment si le parti présidentiel n’obtient pas la majorité absolue. Ce dernier devra alors passer des accords avec la droite pour gouverner. Enfin, pour le nouveau parti Reconquête, c’est un fiasco. Aucun candidat du parti d’Eric Zemmour n’est parvenu à se qualifier pour le second tour. Eric Zemmour lui-même, qui concentrait la grande partie des espoirs d’une entrée d’un candidat Reconquête à l’Assemblée nationale, a été éliminé dans sa circonscription du Var, devancé par les candidats du RN et de la majorité présidentielle.
Par Eloise Duval et Maxime Legay, envoyés spéciaux