Quelle réponse de l’État face à la montée des violences faites aux femmes en France ?
À l’occasion de la journée internationale dédiée à la lutte contre les violences faites aux femmes, le chef de l’État s’est rendu ce vendredi 25 novembre à Dijon, pour dresser un bilan de ce qu’il avait érigé comme la « grande cause » de son premier quinquennat.
Pour marquer cet événement, l’Élysée a scindé ce déplacement en deux séquences : un volet sécuritaire et un autre judiciaire.
Mieux former pour mieux protéger
À son arrivée, Emmanuel Macron s’est rendu à l’école de gendarmerie. Le président de la république a pu assister à une mise en situation de violence intrafamiliale, par des élèves gendarmes en formation initiale. Depuis le Grenelle sur les violences, datant de 2017, dix heures de cours spécifique sur les violences intrafamiliales sont dispensés par des hauts gradés dans cet établissement. Le monde associatif y est également associé.
Après avoir salué les moyens mis à la disposition de ces formations théoriques et pratiques, Emmanuel Macron a rappelé les mesures sécuritaires prises lors du précédent quinquennat pour lutter contre ce fléau. Disponibilité du numéro 39.19, 24h sur 24 ; développement des points d’accès direct ; recueil des plaintes dans les hôpitaux ; évolution en matière de récolte de la preuve. Tel est le bilan dressé par le chef de l’État après cinq ans au pouvoir. Toutefois, ses solutions sont parfois considérées comme insuffisantes ou inefficaces. En effet, pour les femmes victimes de violences sexuelles, « demander justice n’est pas gratuit », dénonçait la Fondation des femmes dans une étude publiée ce jeudi 24 novembre. Même son de cloche sur le pan judiciaire.
Renforcer la réponse pénale et judiciaire
En début d’après-midi, au tribunal judiciaire de Dijon, le président de la république a pu échanger avec deux femmes victimes de violences. “Il ne me lâche pas“ lance la première femme victime à Emmanuel Macron. À son tour, la seconde femme, très émue, déclare : “J’ai tout dit, il a pris de la prison ferme. La peine maximale retenue était de 5 ans. Je suis allée plusieurs fois aux urgences pour coups et blessures. Je considère que c’est injuste, parce qu’il ne fera pas cinq ans. Je vis toujours dans l’angoisse. J’envisage de partir très loin, mais de toute manière, il me retrouvera.” Cette déclaration résume les critiques récurrentes adressées au système judiciaire dans ce domaine. Pourtant, Emmanuel Macron veut se satisfaire des actions menées depuis son accession à l’Élysée. Il a tenu à mettre en avant le déploiement des 3400 téléphones grave danger et le financement à venir de 3800 exemplaires supplémentaires, sans oublier les bracelets d’éloignement.
À l’issue de l’échange avec les victimes, le chef de l’État s’est également entretenu avec les acteurs de la chaîne judiciaire (procureur de la république, bâtonnier de l’ordre des avocats, président du tribunal correctionnel, juge des libertés et de la détention, juge aux affaires familiales, juge de l’application des peines, directrice de France Victimes21). Ce fut l’occasion de remettre sur la table le débat sur la création d’une juridiction spécialisée pour les violences faites aux femmes. Fidèle à son « en même temps », il s’est dit favorable à cette idée tout en souhaitant élargir le champ d’action des juridictions déjà présentes « Il faut mieux former toutes les personnes à sujet ». Les magistrats présents préconisent une approche transversale de la gestion judiciaire de ces dossiers en raison de « la difficulté à organiser des séances conjugales pour des faits qui ont lieu quasiment chaque jour ».
Une mission parlementaire, mise en place par la Première ministre afin de réfléchir à la création d’un système inspiré du modèle espagnol, rendra son rapport le 28 mars prochain. Pour Emmanuel Macron, « Une décision sur ce sujet sera prise donc avant l’été ». En attendant, la lutte contre les violences faites aux femmes est reconduite comme « grande cause » de ce second quinquennat. Place, donc, aux actes.
Carlyle GBEI, envoyé spécial à Dijon.