Apprendre à filer et à coudre, préparer doucement son trousseau de future mariée – car lorsque la dot d’une fille est humble, un linge conséquent arrange un peu les choses –, voilà l’avenir qu’elle refuse. Elle préfère lire, se passionner pour les sciences, les lettres et la philosophie. Le latin ne fait pas partie de l’instruction des filles ? Qu’à cela ne tienne : Marie de Gournay (1565-1645) l’apprend seule en comparant les textes et leurs traductions.
Quand la mort de son père la laisse orpheline, fille aînée d’une famille de six enfants plutôt désargentée, Marie s’affermit dans son intention de renoncer au mariage pour devenir une femme de lettres tirant ses ressources de sa plume. Mesure-t-on, aujourd’hui, l’audace d’un tel choix de vie, tandis qu’un mépris suspicieux s’abat sur les célibataires ?
C’est ainsi, au fil de ses lectures, allant des plus antiques aux plus contemporaines, qu’elle rencontre à l’âge de dix-huit ans la première édition des Essais de Michel de Montaigne. Stupeur et émerveillement.
Marie de Gournay restera fidèle à Michel de Montaigne, mort quatre ans après cette mémorable rencontre, non seulement en veillant, comme il le lui avait demandé, aux éditions suivantes des Essais, défendant pied à pied les idées de Montaigne et souvent ses mots, que d’aucuns souhaiteraient polir et affadir, mais encore et surtout en se construisant elle-même comme femme indépendante, créatrice et pensante.
La « désobéissance » de Marie tient dans son « féminisme », terme dont les lectures d’aujourd’hui ont montré la pertinence : L’égalité des hommes et des femmes (1622), puis Le Grief des Dames, publié quatre ans plus tard.
(source : www.arlea.fr)
Marie de Gournay dans Des sorcières comme les autres, par Elsa Dupuy et Gaëlle About, lundi 27 juillet à 18h30 sur notre site.