L’invité de Clarisse Herrenschmidt, Vincent Hirtzel, est chercheur au CNRS, anthropologue américaniste et il manifeste un grand intérêt pour les langues : c’est-à-dire qu’il cherche à connaître la société où il se trouve en connaissant la ou les langues (langue autochtone & espagnol) parlée(s) par ses membres.
Vincent Hirtzel connaît les Yuracare de Bolivie, population assez peu nombreuse, parlant une langue isolée parmi toutes les langues d’Amazonie – menacée, donc.
Il a co-organisé un colloque novateur, autour de la question de la traduction de notions qui nous sont familières comme « culture, tradition, coutumes », qui ne figurent pas comme telles dans les langues étudiées, mais dont les Amérindiens ont besoin pour traduire puis utiliser à leur avantage la Déclaration des Droits des Peuples Autochtones, où paraissent ces trois termes. Les textes vont être publiés.

Nous abordons quelques-unes des recherches exposées : l’emprunt à l’espagnol « la costumbre » (féminin) par les Nahua du Mexique, sa transformation en «el costumbre» (masculin) ; de leur côté les Yuracare ont l’usage de ce mot qui n’est pas devenu un emprunt, quand ils parlent espagnol. Or chez les Nahua «el costumbre» est positif et utilisé pour nommer des rituels qui leur sont propres. Or les Yuracare ont un usage négatif de «costumbre» pour désigner de mauvaises pratiques qui ne sont justement pas les leurs.
Il faut donc expliquer cette différence et ceci nécessite un retour dans l’histoire des rapports des Amérindiens avec les Espagnols.
Recherches d’anthropologie linguistique en Amazonie, avec Vincent Hirtzel dans le Midi Magazine de Clarisse Herrenschmidt, en direct ce mercredi 27 janvier à 12h05 sur notre antenne, puis à retrouver en podcast.