Même en temps de paix les pays rivaux se livrent une guerre permanente à bas bruit, une «compétition stratégique» destinée à déstabiliser l’adversaire. Une compétition qui ne doit pas faire de morts, mais qui n’est pas non plus purement symbolique.
Leur arme favorite est celle de la désinformation et de la propagande, auxquelles les réseaux sociaux numériques ont donné une résonance et une échelle internationale inédite. Car en réalité les fausses nouvelles sont un phénomène ancien : l’historien Marc Bloch y avait déjà consacré un ouvrage juste au sortir de la Première Guerre mondiale, pour montrer à quel point le flottement de l’information avait pu être déstabilisant pour les combattants. 100 ans plus tard, l’intoxication de l’ennemi ne s’est jamais aussi bien portée. Sauf que désormais la propagande ne vise plus à influencer sa propre population, mais celle d’un autre pays. Il y a eu une ingérence russe dans les élections américaines de 2016, et un an plus tard, les «Macron leaks», marquaient la tentative de saboter de l’extérieur le processus électoral français. L’usage du numérique comme arme de guerre est donc pris au sérieux par les États, qui ont tous lancé des services de surveillance, de protection de leurs réseaux, et de contre-information. Mais la tâche est complexe, car les réseaux sociaux sont détenus par des groupes privés, plus ou moins coopératifs, et la propagande adverse peut se déployer aussi dans des chaînes de télévision qui ont pignon sur rue. Entre hacking, trolling et fake news, comment mener la guerre numérique ?
Pour en parler, Emmanuel Taïeb a invité Maud Quessard, maître de conférences des universités, directrice du domaine « Espace euratlantique – Russie » à l’IRSEM. Diplômée de Sciences Po, spécialiste de politique étrangère américaine, elle a enseigné jusqu’en 2017 à l’Université de Poitiers, à l’IEP de Bordeaux et à Sciences Po Paris. Ses recherches portent sur la diplomatie publique, le soft power américain, les guerres de l’information et les stratégies d’influence. Elle est a notamment fait paraitre l’ouvrage : Stratégies d’influence et guerres de l’information: Propagande et diplomatie publique des États-Unis depuis la guerre froide (Presses Universitaires de Rennes – 2020).
La guerre numérique dans La valeur de l’homme, samedi 6 février à 13h15 en direct sur notre antenne. Puis à retrouver en podcast.