“La faim de l’argent n’est jamais chez un homme que le signe, l’apparence d’une autre faim : l’amour de l’argent n’est jamais que le signe d’une autre exigence. Faim de puissance, de dépassement, de certitude, amour de soi-même que l’on veut sauver, du surhomme, de survie et d’éternité. Et quel moyen meilleur que la richesse pour atteindre jusque-là ? Dans cette recherche hallucinée, haletante, ce n’est pas seulement la jouissance que cherche l’homme, mais l’éternité, obscurément.”
En 1989, cinq années avant la mort de Jacques Ellul, la chute du mur de Berlin a brusquement libéré le système capitaliste de la nécessité qui l’avait obligé après-guerre à respecter certaines normes de décence. Partout dans le monde, l’homme s’est retrouvé seul face à la puissance de l’argent. À cet instant, les analyses de Jacques Ellul sur l’exploitation des richesses de la planète et leur distribution inéquitable sont apparues plus prophétiques que jamais. Mais attention. Dans la tradition biblique, le prophète n’est pas celui qui prédit l’avenir. C’est un homme d’intimité avec Dieu qui sait L’écouter et qui voit. Et Jacques Ellul avait vu.
(Extrait de la préface de Sébastien Lapaque)
Début mars dernier a été réédité aux éditions de la Table Ronde, L’homme et l’argent, l’ouvrage de Jacques Ellul. A cette occasion, Philippe Arondel reçoit Madeleine Rohaut, philosophe, dans son Midi Magazine du mardi 18 mai à 12h05 sur notre antenne (100.7 FM / web / DAB+), avec cette question : Être chrétien, quelle possible pédagogie de l’argent ? Une émission à retrouver en podcast.