Égalité hommes- femmes , Emmanuel Macron souhaite en faire l’une des grandes causes de son quinquennat, et Elisabeth Borne en fait une matrice de son action gouvernementale.
Lancé en 2019 par le gouvernement d’Edouard Philippe, le Grenelle des violences conjugales regroupe les associations, les acteurs de terrain, les familles de victimes ainsi que toutes les administrations. Il a débouché sur un plan d’action global et inédit. En France, 122 femmes ont été tuées par leur conjoint ou par leur ex-conjoint en 2021 contre 102 en 2020, selon le ministère de l’Intérieur : une femme tuée tous les deux jours et demi. Ces Chiffres sont jugés « glaçant » par la ministre déléguée en charge de l’égalité, Isabelle Rome.
En se rendant vendredi 2 septembre à la rencontre de l’association Femmes Solidarité 91, à Ris-Orangis (Essonne) et des acteurs concernés (organismes publics, judiciaires et associatifs) en préfecture, la Première ministre souhaitait démontrer sa détermination à poursuivre ce combat.
À l’issue de ces différentes séquences, elle a salué les actions déjà menées dans ce domaine, reconnaissant toutefois que beaucoup reste à faire. Ainsi, Elisabeth Borne a décliné les actions à venir. Ces mesures s’inscrivent dans un triptyque : logement, justice et sécurité.
Sur le volet de l’hébergement, d’ici à la fin de l’année, 10 000 places seront disponibles sur le territoire, soit près de mille places de plus que l’objectif attendu. Par ailleurs, mille places supplémentaires seront ouvertes en 2023, pour mieux doter notamment les zones rurales, les villes moyennes en métropole comme en outre-mer. L’État décaissera plus de 10 millions d’euros pour l’opération.
En matière de justice, une mission parlementaire fera le bilan afin de rendre l’action judiciaire lisible, réactive, performante, conciliant la spécialisation des enquêteurs et des magistrats avec la proximité nécessaire pour les victimes. Est-ce une manière de camoufler une forme d’insuffisance de la justice française face à ce fléau ? La Première ministre et le Garde des sceaux préfèrent parler d’une nouvelle expérimentation, coordonnée. Selon les chiffres du ministère de l’Intérieur, 32% des femmes tuées l’an dernier avaient déjà été victimes d’au moins une forme de violence par le passé et 74% l’avaient déjà signalée aux forces de l’ordre, sous forme de plainte dans la grande majorité des cas.
Elisabeth Borne se veut également plus ambitieuse en matière de sécurité. Elle a annoncé un doublement du nombre des enquêteurs spécialisés et de la présence policière dans la rue. Elle souhaite aussi renforcer la coopération de la police avec les services sociaux en visant, d’ici à 2025, le passage de 400 à 600 intervenants sociaux en gendarmerie et dans les commissariats. L’autre nouveauté est la délictualisation de l’outrage sexiste dans les cas les plus graves avec un possible triplement du montant de l’amende.
Enfin, pour réaffirmer son attachement à une question qui la préoccupait déjà lorsqu’elle était préfète, la Première ministre a indiqué qu’elle présiderait prochainement un comité interministériel sur l’égalité entre les femmes et les hommes, afin de décliner la feuille de route des cinq ans à venir et affirmer une nouvelle ambition pour chacun des champs d’action gouvernementaux. Même si aucune date n’est fixée, une expérimentation est d’ores et déjà annoncée, concernant un dispositif « pack nouveau départ », début 2023, pour faciliter le départ du domicile des femmes bénéficiant de mesures de protection.
De ce déplacement, la Première ministre retient la mobilisation de l’ensemble des acteurs pour faire face à ce fléau qui continue de progresser dans un pays qui porte pourtant dans sa devise la notion même d’égalité.
Carlyle GBEI, envoyé spécial à la préfecture de l’Essonne (91).