Resserrés face à la Russie dans sa guerre contre l’Ukraine, dispersés dans la réponse face aux conséquences du conflit.
La relation transatlantique est marquée depuis quelques mois par le très controversé Inflation Reduction Act, loi portée aux États-Unis par les démocrates et adoptée par le Congrès à la mi-aout. Son principal volet concerne le climat : près de 400 milliards de dollars serviront à financer des mesures sur dix ans, afin de permettre aux États-Unis d’atteindre leur objectif de réduction d’émission de gaz à effet de serre de 50 à 52 % d’ici à 2030, par rapport à 2005.
Sous cette forme, le projet ne pose pas de problème. Le président français Emmanuel Macron reconnait que “cette législation va dans le bon sens “. Sauf que les subventions ne seront versées que pour des produits fabriqués aux États-Unis, ce qui va favoriser par exemple les Tesla américaines par rapport aux BMW électriques allemandes, et l’acier américain pour les projets de parcs éoliens internationaux. Une pilule que les Européens ont du mal à avaler. Joe Biden a estimé lors de la visite d’État de son homologue français qu’il ne comptait pas “s’excuser de cette loi”. Depuis, les Européens sont sommés de trouver une réponse face à cette offensive économique américaine.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, avait appelé à la création d’un fonds souverain pour soutenir la transition énergétique. “Nous devons renforcer notre base industrielle en matière de technologies vertes et nous devons nous assurer que les aides à l’investissement et les crédits d’impôt atteignent les secteurs concernés plus facilement et plus rapidement” affirmait-elle devant le Parlement européen, le 6 décembre dernier. Sans s’opposer à cette proposition, Emmanuel Macron remet en cause son efficacité dans l’immédiat, puisqu’elle est destinée à s’appliquer au printemps prochain.
Pour le chef d’État français, il est impérieux d’engager des discussions avec les Américains en vue de l’obtention de certaines clauses d’exemption dont disposent déjà le Canada et le Mexique. En dépit de cette phase amicale, une réponse forte de l’Europe est nécessaire, notamment par un investissement massif national et européen dans l’industrie. Le président de la république souhaite également simplifier les régimes d’aides de l’État, trop souvent pris en otage par le système bureaucratique européen. Un mandat a été donné à la commission pour la réalisation d’un “IRA européen” début 2023. Emmanuel Macron a écarté l’idée des Allemands, qui souhaitaient un accord de libre échange avec les États-Unis. Rendez-vous est pris les 9 et 10 février 2023 pour un Conseil européen extraordinaire spécialement consacré à ce sujet.
CARLYLE GBEI , Envoyé spécial (Bruxelles)