Au micro de Myriam Lemaire pour son émission “Dialogue”, Jacques de Larosière, actuellement conseiller du président chez BNP-Paribas. Il évoque les phénomènes économiques les plus marquants concernant la France, observés au cours de sa longue carrière.
Jacques de Larosière a accompli toute sa carrière au sommet des institutions financières : il a dirigé le Fonds monétaire international, avant de devenir gouverneur de la Banque de France, puis président de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement. Il est membre de l’ Académie des sciences morales et politiques et auteur de plusieurs essais. Il vient de publier Le déclin français est-il réversible ?, paru comme ses précédents livres aux éditions Odile Jacob. Il y livre une analyse des causes du déclin français et appelle à un sursaut pour en finir avec les politiques du déni et de la facilité monétaire et budgétaire.
Il évoque ensuite la “trajectoire effrayante, celle du déclin” qui a commencé au début des années 1980, et s’est accélérée depuis vingt ans, un déclin dont il explique qu’il est de notre fait et qu’il menace de s’aggraver.
Son constat est implacable : délitement de l’éducation, désindustrialisation massive et chômage, déficit de notre balance des paiements, explosion de l’endettement public, accroissement du déficit budgétaire et des dépenses publiques. Il souligne la gravité et les inconvénients de la détérioration des finances publiques pour notre économie et notre société. Il s’inquiète du poids très lourd du service de la dette et du transfert de cette charge sur les générations futures, ce qu’il juge moralement inacceptable et anti-démocratique, car “il y a un fil intergénérationnel à respecter”.
Pour arrêter le déclin, il est nécessaire de s’attaquer à la remise en ordre de nos finances publiques, comme le Premier ministre, Michel Barnier, dont il salue le courage, a décidé de le faire. La baisse des dépenses publiques prévue dans le budget 2025 est indispensable pour notre invité. Mais il n’est pas favorable à la hausse de la fiscalité pour les grandes entreprises, car elle pourrait compliquer le problème de leur compétitivité.
Comme il le démontre avec précision dans son livre, Jacques de Larosière pense possible d’économiser 200 milliards d’euros en dix ans, sans toucher aux dépenses sociales, ce qui passe notamment par une réduction de la fonction publique. Il préconise aussi de construire le budget en se posant la question de l’utilité des dépenses décidées l’année précédente, comme le font notamment les pays scandinaves, et en s’appuyant sur la Cour des comptes.
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