À la suite des échauffourées survenues lors de la finale de la Ligue des Champions, qui se déroulait le 28 mai au soir au Stade de France, la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra et le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin on donné une conférence de presse pour revenir sur les causes d’une soirée émaillée de débordements.
C’était un baptême du feu pour Amélie Oudéa-Castéra. Dix jours seulement après sa nomination au ministère des Sports, l’ancienne joueuse de tennis a dû désamorcer la polémique naissante consécutive aux incidents qui ont eu lieu le 28 mai. Car ce qui devait être une fête pour tous les amateurs de football a tourné au fiasco. Des dizaines de milliers de supposés faux billets, des heurts à l’approche du coup d’envoi, et des affrontements entre les supporters et les forces de l’ordre ont émaillé, aux abords du Stade de France, cette finale de la Ligue des champions, qui opposait Liverpool au Real Madrid. Au terme de deux heures de discussion entre les organisateurs, l’UEFA (l’Union des associations européennes de football), la mairie de Saint-Denis, le ministre de l’Intérieur et la ministre des Sports, Gérald Darmanin et Amélie Oudéa-Castéra sont revenus lors d’une conférence de presse sur les causes d’une soirée chaotique.
Le gouvernement persiste et signe
“La présence massive de faux billets est le mal racine qui a causé le report, par trois fois, du commencement du match”, a déclaré Gérald Darmanin. Une fraude de grande ampleur, avec entre 30 000 à 40 000 faux billets selon les deux ministres, et qui, ajoutée aux problèmes de transports et à une arrivée tardive des supporters britanniques au Stade, seraient à l’origine du désordre. De même, le gouvernement rejette la responsabilité sur les supporters anglais, rappelant que des débordements auraient déjà eu lieu lors de la finale de la Ligue des champions en 2019. Ainsi, malgré les vives critiques de la presse étrangère à l’encontre de la gestion du match par les autorités françaises, le gouvernement maintient la version qu’il donnait déjà samedi soir. Si Amélie Oudéa-Castéra a exprimé des regrets à l’égard des 2700 supporteurs munis de billets n’ayant pas pu assister au match et promis la mise en place d’une compensation par l’UEFA, les ministres reconnaissent des failles dans l’organisation tardive de cette finale – initialement prévue à Saint-Pétersbourg, mais reprogrammée du fait du contexte géopolitique – pour laquelle Gérald Darmanin concède : “[qu’il] n’y a pas de quoi être fier” du déroulement de la soirée.
Le Sénat se saisit de l’affaire
Pour autant, le gouvernement persiste et signe : “on a sauvé des vies grâce à nos méthodes de maintien de l’ordre”, a affirmé le ministre de l’Intérieur en réponse aux questions de la presse. Des supporters déploraient pourtant l’utilisation de gaz lacrymogène envers certains supporteurs dont parfois de jeunes enfants, ainsi que des prises à partie violentes de la part des forces de l’ordre. Les deux ministres seront d’ailleurs auditionnés par le Sénat ce mercredi 1er juin à 16h30 : “afin de déterminer les responsabilités des différents acteurs nationaux et internationaux concernés”. Une polémique qui intervient un an avant la tenue de la Coupe du monde de rugby, et deux ans avec celle des Jeux Olympiques, et vient entacher le lancement officiel de la campagne des législatives, en remettant les questions de sécurité au cœur du débat public.
Un reportage d’Eloïse Duval et Maxime Legay, envoyés spéciaux de Fréquence Protestante.