This is a repeating event25 octobre 2022 16h00
Le COE à Moscou - Meloni catholique traditionnelle - Le Christ sur le mont Hatis
Résumé de l'émission
L’hebdomadaire anglican anglais Church Times a publié le 21 octobre un long article sur la situation en Ukraine et la visite à Moscou d’une délégation du Conseil œcuménique des Eglises pour rencontrer le patriarche orthodoxe russe Kirill de Moscou.
Les dirigeants d’Eglises en Ukraine ont dénoncé « les attaques de missiles et de drones russes empêchant l’approvisionnement en énergie et en eau de l’Ukraine. Alors que nous prions pour les victimes et demandons à Dieu de bénir nos défenseurs, nous appelons également la communauté internationale et les chefs religieux du monde à condamner ces actes de terreur d’État », a déclaré le Conseil ukrainien qui regroupe des Eglises et des organisations religieuses et réunit des dirigeants orthodoxes, catholiques romains et protestants, ainsi que des juifs et des musulmans. « Tous ceux qui participent à ces attaques brutales contre des villes paisibles – les dirigeants qui donnent des ordres, les auteurs directs et tous ceux qui justifient de tels actes de cruauté inhumaine – doivent savoir qu’ils en répondront devant le Dieu Tout-Puissant et seront punis pour leurs crimes. », a encore déclaré le Conseil ukrainien
qui réagissait à de nouvelles frappes russes contre des cibles civiles à Kyiv et dans d’autres villes, frappes qui ont détruit l’approvisionnement en électricité et en eau à l’approche de l’hiver. Le président Zelensky a confirmé qu’un tiers des centrales électriques ukrainiennes été détruites, laissant plus de 1000 zones urbaines sans électricité.
Le primat de l’Église orthodoxe ukrainienne indépendante, le métropolite Épiphanie, a déclaré ce week-end que les défenseurs du pays comptaient sur « la protection et la force » de la Vierge Marie dans leur « combat victorieux » contre « les envahisseurs et assassins russes. » On constate aussi une certaine unanimité des Eglises orthodoxes russes en Europe occidentale à condamner le soutien sans faille à la guerre qu’apporte Kirill de Moscou et les communautés orthodoxes russes et ukrainiennes avaient réagi en septembre avec « douleur et incompréhension » lorsque Kirill de Moscou avait osé promettre que les soldats russes seraient pardonnés de leurs péchés s’ils mourraient au combat en Ukraine.
En soutien à la paix, le représentant des communautés orthodoxes russes d’Europe de l’ouest a de nouveau exhorté le patriarche orthodoxe Kirill de Moscou à appeler à la fin de cette « guerre fratricide », maintenant dans son huitième mois. Enfin, le primat de l’Église orthodoxe russe en Estonie (l’un des trois Pays baltes), a dans une lettre ouverte déclaré que ses fidèles estoniens et lui-même rejetaient la position pro-guerre du patriarche Kirill. A ces condamnations, le patriarche Kirill n’a su répondre que par des accusations : « l’Occident cherche à conquérir et détruire la Russie, à nous priver de notre souveraineté et de notre liberté » ou encore « l’Ukraine appartient au monde russe. » et réitérer son affirmation : « La Reine des Cieux (comprendre la Vierge Marie) donne la force à notre peuple pour stopper l’ennemi, veille sur l’armée russe et protège les frontières de notre patrie [qu’il appelle « la Russie historique »] et doit « rester unie spirituellement au monde russe et à l’Eglise orthodoxe russe.] Quant au pape François, il a dénoncé dans un livre de prières récemment sorti, les « guerres manipulées et les faux prétextes invoqués pour attaquer un autre pays […] Il n’y a aucune situation qui puisse justifier une guerre juste et jamais de place pour la barbarie militaire [et le terrorisme] » a-t-il déclaré.
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Le professeur Sauca, secrétaire général du Conseil œcuménique des Églises dont l’Église orthodoxe russe est membre, conduisait une délégation à Moscou pour rencontrer entre autres le patriarche Kirill. Il a ensuite déclaré que le patriarche était au courant des déclarations du Conseil œcuménique « condamnant la guerre et la violence ». Sa délégation était venue à Moscou pour « construire des ponts de paix et de réconciliation et arrêter l’effusion de sang et le danger de conflagration nucléaire », a expliqué le délégué du Conseil œcuménique. qui a raconté avoir exhorté Kirill à « clarifier sa position personnelle sur la guerre » en appelant à « arrêter l’effusion de sang, arrêter les tueries, arrêter la destruction des infrastructures et rechercher la paix et la réconciliation”.
Le communiqué du COE indique que curieusement le patriarche semblait ignorer que ses sermons et discours semblaient offrir (un euphémisme !) « une argumentation théologique et un soutien à la guerre. ». Le secrétaire général du Conseil œcuménique, le professeur Sauca, a aussi demandé au patriarche de Moscou d’expliquer comment il justifiait la notion de « guerre sainte » en Ukraine. Réponse du patriarche : « En tant qu’Églises, nous sommes appelés à être des artisans de paix et à défendre et protéger la vie – la guerre ne peut pas être sainte », a répondu Kirill. « Mais, quand on doit se défendre et défendre sa vie, ou donner sa vie pour les autres, les choses semblent différentes, a justifié Kirill. Et il a invoqué « les puissances et les autorités obscures du monde, qui remettent en question les valeurs de l’Évangile. Et de tels pouvoirs sont partout présents. » […] A commencer probablement par l’Ukraine, où il faut combattre ces forces obscures dans le sang et les larmes, se justifie Kirill, sans état d’âme…
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Giorgia Meloni est, depuis la semaine passée, cheffe du gouvernement italien. D’extrême-droite, elle s’affiche comme croyante catholique et dit adhérer aux « valeurs morales traditionnelles » de l’Église catholique. Enfin d’une certaine Église catholique traditionnelle, peu en phase en général avec le monde moderne et très critique, comme Giorgia Meloni, envers les lois dites « inspirées de la culture LGBT » à savoir : union civiles de couples de même sexe, reconnaissance des enfants de ces couples, possibilité pour eux d’adopter. Mais, note la presse, « les motifs de discorde de Giorgia Meloni avec le Vatican et le pape François sont aussi très nombreux. » Pourquoi ? Un article du Monde des religions https://www.lemonde.fr/le-monde-des-religions/article/2022/10/18/italie-giorgia-meloni-et-le-pape-francois-peuvent-ils-s-entendre_6146357_6038514.html du 19 octobre et signé d’un prêtre italien et journaliste, énumère ces motifs de discorde : Giorgia Meloni a été accueillie par une explosion de joie de la droite catholique la plus traditionnaliste, elle n’a pas clairement rompu avec la tradition du fascisme et l’accent mis sur le nationalisme et l’identité italienne ne s’accorde pas avec l’universalisme du Vatican. Une alliance du nouveau gouvernement avec les 4 pays d’Europe centrale (Hongrie, Tchéquie, Slovaquie et Pologne) connue sous le nom de groupe de Visegrad et opposés à la politique migratoire de l’Union européenne, souverainistes, défendant l’identité nationale, sont soutenus par les évêchés d’Europe centrale et critiques envers le pape. Autre danger : le populisme de Meloni qui fait perdre de leur importance aux pouvoirs intermédiaires (comme les syndicats) pour un chef investi directement par le peuple (une démocratie illibérale à la Orban). « Enfin, souligne Le Monde des religions, la question de l’islam et le droit des immigrés qui pour Meloni est identifié à un danger et attise la peur. » Quant au renouveau économique promu par François, qui veut réorganiser l’économie en l’ouvrant au « don » et « à la responsabilité sociale », il ne s’accorde pas vraiment avec le projet d’une droite traditionaliste. Aucun affrontement n’est prévu à court terme. « Toutefois, écrit Lorenzo Prezzi : les évêques italiens ont déjà réaffirmé leur mission de ”montrer la voie, avec sévérité si besoin, du bien commun et non de l’intérêt personnel, de la défense des droits inviolables de la personne et de la communauté.” »
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Le Premier ministre arménien, un oligargue arménien, des archéologues, les autorités de l’Église apostolique arménienne, l’Église-mère des Arméniens, sont vent debout, pour ou contre le projet d’une immense statue du Christ sur le mont Hatis un volcan éteint de 2528 m à une trentaine de kilomètres de la capitale arménienne Erevan. Sortie du cerveau affairiste de Gagik Tsarukyan, un homme d’affaires arménien plus que douteux, la statue avec ses 33m prévus, sur un piedestal qui la propulserait à 77m battrait tous les records mondiaux de hauteur, accompagné d’un centre commercial. Les archéologues qui avaient un projet de fouilles sur ce lieu daté du 3e millénaire avant Jésus-Christ voient avec désolation le site ravagé depuis l’été par les bulldozers. On ne sait plus très bien qui a donné sans donner le feu vert : le Premier ministre y voit une source de revenus touristiques quand les autorités culturelles accusent le promoteur d’avoir violé la loi sur la protection du patrimoine géologique d’un lieu classé depuis 2008 et n’avoir obtenu aucune permission pour les travaux. Quant à l’Église apostolique arménienne elle dénonce une hérésie théologique : en 1700 ans d’existence, elle n’a jamais érigé une représentation divine en statue, une pratique catholique. De plus Tsarukyan a privatisé la montagne à son seul profit, au nom de Jésus !
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