La grève est devenue l’une des marques de fabrique du système ferroviaire français.
En 2018, Gabriel Attal (alors ministre du Budget) appelait à sortir le pays de la “gréviculture”. La route est encore bien longue pour y parvenir, et les choses semblent même s’aggraver. Cette fois-ci, les auteurs ne sont pas des syndicalistes, mais plutôt un collectif de contrôleurs, le Collectif national ASCT (Agents du service commercial trains), né d’un groupe de discussion créé en juin dernier sur l’application de messagerie WhatsApp, et réuni aujourd’hui sur un compte Facebook comportant près de 3 500 membres.
Ce mouvement 2.0, fondé sur des termes identiques à ceux des Gilets jaunes, organise une grève du jeudi 22 décembre au soir au matin du lundi 26 décembre, empêchant ainsi 200.000 usagers de rejoindre leurs familles pour le réveillon. Motif évoqué par les grévistes : une meilleure reconnaissance du métier.
La SNCF, qui espère faire circuler trois trains sur cinq en moyenne pendant ce week-end de Noël, se retrouve confrontée à une nouvelle crise majeure. Le dialogue envisagé ces derniers jours s’est avéré infructueux. Le collectif a opposé une fin de non-recevoir aux propositions de la société de transport. Parmi celles-ci, figurait l’octroi d’une prime de 600 euros annuels pour des cheminots. Insuffisants, jugent ces derniers. Malgré l’appel à la cessation de la grève par les syndicats traditionnels, pris de vitesse également par les évènements, le statu quo demeure.
La démocratie sociale vacille, les regards se tournent désormais vers l’État. Le ton reste ferme du côté de l’exécutif. À l’Élysée, selon le Journal Politico, Emmanuel Macron “considère qu’ils sont dans une absence totale d’empathie, de solidarité et de fraternité”. Le ministre des Transports, Clément Beaune, impuissant face à la situation, se contente d’appeler à “la responsabilité”. Des mots qui ne peuvent malheureusement pas soigner les maux qui frappent depuis quelques années le système des transports français. Le président de la république a invité la Première ministre, lors du conseil des ministres du jeudi 22 décembre, à “réfléchir à un cadre pour assurer la continuité du service public en toutes circonstances”.
Pour l’heure, les Français se retrouvent une nouvelle fois pris en otage à deux jours du réveillon par un mouvement que personne, ni à la SNCF, ni au sommet de l’État, n’avait vu venir ou n’y avait prêté une attention particulière. Impuissants face à cette grève 2.0, La société de transport public et le gouvernement s’attèlent désormais à sauver le dernier week-end marquant les festivités de fin d’année.
CARLYLE GBEI, accrédité auprès de l’Elysée.