Sera-t-il possible, un jour, de ne plus mourir ? L’homme, grâce à sa propre ingéniosité, pourra-t-il dépasser ses propres capacités physiques et intellectuelles, être de plus en plus intelligent, de plus en plus fort, exempt de maladies ?
Le transhumanisme est un courant de pensée qui existe depuis la fin de la Seconde guerre mondiale. Julian Huxley, premier directeur de l’UNESCO et fondateur du WWF, l’association mondiale de protection de la faune et de la flore, est le premier à l’avoir utilisé. Ce mouvement promeut l’utilisation des découvertes scientifiques et techniques pour l’amélioration des performances humaines.
Né aux Etats-Unis, c’est un concept très populaire en Amérique du Nord. Le parti américain “Transhumanist Party” est arrivé 5ème aux élections présidentielles de 2016. A la Silicon Valley par exemple, de nombreux laboratoires de recherches financent des projets dans le but de mettre au point des nouvelles technologies capables d’améliorer l’Homme. Dans le monde entier, les puissances politiques commencent à investir ce domaine. En Russie, un projet de développement d’avatars virtuels où l’intégralité d’une conscience humaine serait transférée est en cours. La Chine est aussi rentrée dans la course du biomédical. La preuve avec la naissance de deux jumelles au patrimoine génétiquement modifié. Lulu et Nana avaient un père séropositif mais le biologiste Jiankui He aurait réussi à supprimer le gène du VIH.
Mais le transhumanisme pose question. Les enjeux sociaux, économiques et éthiques inquiètent les intellectuels. Jean-Michel Besnier, philosophe français et co-auteur du livre Les robots font-ils l’amour ? met sur le même plan transhumanisme et eugénisme. En effet, ils portent le même objectif. Améliorer la race humaine. Et l’augmenter, d’une certaine façon.
Le biologiste français, Jacques Testart, qui a permis la naissance du premier bébé éprouvette en France en 1982, définit le transhumanisme comme « une logique de sélection pour l’augmentation de l’espèce. » Il différencie le diagnostic pré-natal, permettant de déterminer lors de la grossesse les possibles handicaps d’un foetus à la sélection des embryons. “Dans un cas, on élimine le pire. Dans l’autre, on garde le meilleur.”, explique-t-il dans un article de la revue Usbek et Rica.
Jean-Michel Besnier évoque le biocapitalisme, comme une dérive du transhumanisme. Ce concept est “un individualisme aux valeurs très inégalitaires”. Pour le mathématicien Olivier Rey, auteur de Leurres et malheurs du transhumanisme, une société gouvernée par la recherche de performance et d’augmentation provoquerait l’exacerbation de la lutte des classes. Selon les bioconservateurs (ceux qui s’opposent à “l’homme augmenté”), le discours transhumaniste incite les citoyens à aimer de moins en moins leur humanité, leur fragilité et leur mortalité.
Mais peut-être que dans quelques années, il sera banal de stocker sa mémoire sur une clef USB. Ou encore, avoir des lentilles qui nous permettent de voir dans le noir. Et pourquoi pas, vivre jusqu’à 200 ans sans subir le vieillissement des cellules cérébrales et de la peau ? Nous n’en sommes pas encore là, mais ce futur n’est pas aussi utopique qu’on pourrait le croire.
Une émission à écouter ce dimanche 28 juillet à 13h45 et à réécouter dès le lendemain ici : https://frequenceprotestante.com/diffusion/clin-doeil-du-28-07-2019/
Juliette Huguet, Mélanie Costa et Marie-Belle Parseghian