Il y avait, une fois, au Pont-de-Pîle, un forgeron haut d’une toise, fort comme une paire de bœufs. C’était un homme plus noir que l’âtre, avec une longue barbe, les cheveux hérissés, et les yeux rouges comme des charbons. Jamais il ne mettait le pied dans une église, et il mangeait de la viande en tout temps, même le Vendredi saint. On disait que le Forgeron du Pont-de-Pîle n’était pas de la race des chrétiens.
Le fait est qu’il vivait seul dans sa maison, où les pratiques avaient ordre de n’entrer jamais, et d’appeler le maître dehors, quand elles avaient affaire à lui. Le Forgeron était sans pareil pour travailler le fer, aussi bien que l’or et l’argent. L’ouvrage tombait chez lui comme grêle. Il donnait ordre à tout, sans autre aide qu’un loup noir, grand comme un cheval. Nuit et jour, ce loup vivait enfermé dans la roue qui faisait marcher le soufflet de forge. Sept jeunes gens s’étaient présentés au maître, pour apprendre le métier. Mais les épreuves étaient si fortes, si fortes, qu’ils en étaient morts dans les trois jours…
C’est un conte populaire traditionnel du Gers qui vous fera connaitre un incroyable forgeron et son apprenti. Mais plus on vous en dira, moins vous aurez de surprise ! Alors ouvrez simplement les oreilles pour ce conte merveilleux collecté par Jean-François Bladé.
Jean François Marie Zéphyrin Bladé, dit Jean-François Bladé (1827-1900), est un magistrat, historien et folkloriste français. Son œuvre majeure est sa collecte des traditions orales de la Gascogne.
Pieds d’or, conte merveilleux de Guyenne, c’est avec Anne Marchand dans son émission Au fil des mots, lundi 15 février à 13h15 sur notre antenne, et à retrouver en podcast.