La crise sanitaire et les mesures qui en découlent ont mis en péril la survie du collectif d’artistes occupant le squat niché au cœur de la rue de Rivoli à Paris. L’appel aux dons lancé en mai dernier pour permettre la subsistance du lieu prend fin ce dimanche.
Parmi les devantures de magasins qui s’étalent dans la rue de Rivoli, l’entrée bigarrée du 59 dénote dans ce paysage. Les allés et venus des visiteurs attisent la curiosité. Car dans l’enceinte de ce gigantesque bâtiment haussmannien, 30 ateliers de peintres, plasticiens, graphistes et sculpteurs se répartissent sur 6 étages. Depuis que Gaspard Delanoë a forcé la porte de l’ancienne banque à l’abandon, le quartier voué au commerce a vu grandir un projet collectif et alternatif dans cet écosystème où les artistes cohabitent ensemble pour créer et partager leur art. “Je pense que ça nous nourri tous en tant qu’artiste, en étant au contact d’autres sensibilités, d’autres travaux, d’autres âges et d’autres culture. Mais le contact avec le public nous fait aussi énormément de bien.” Pour Florent Mabilat, artiste permanent depuis un peu plus de 4 ans, cet espace unique est à la fois précieux pour ses occupants et ses visiteurs qui ont la possibilité de déambuler gratuitement à travers les œuvres et les ouvrages en cours : “La rue peut voir ce que je fais, puisque dans cet immeuble la rue peut rentrer. C’est surtout des gens qui ne vont jamais dans les musées, encore moins dans les galeries et qui ont un contact à l’art entre le numérique et la chance.”
Un modèle de diversité culturel menacé
Depuis sa création en 1999, le projet était de pouvoir offrir des ateliers de production aux artistes, très couteux à Paris, en voulant ouvrir dès le départ l’espace au public de manière gratuite. Au début des années 2000, la mairie de Paris décide de racheter le bâtiment, en passant une convention avec le collectif leur permettant de rester. Aujourd’hui 15 membres permanents s’occupent de gérer l’association et ont pris leur quartier, tandis que 15 autres espaces de travail restent accessible aux artistes temporaires pour une période de trois mois renouvelables. Par ailleurs, un grand nombre de nationalités y coexistent, formant ainsi un réseau artistique international.
Durant la période Covid, ” le collectif a quand même vécu, étant donné que c’est leur lieu de travail et il s’est beaucoup plus soudé”, explique Pierrick Feytou, Chargé de projet au 59. Mais l’absence de contribution financière sur offrande des touristes, qui représente 20 à 30% du budget, a cruellement manqué. Les 10 mois de fermeture depuis mars 2020, ainsi que la difficulté de la situation lors des mois d’ouverture, ont entrainé une perte estimée à 30 000 €. Sans aide de l’État, l’association peine à sortir la tête de l’eau. Malgré le chemin parcouru semé d’embûches, entre menaces d’expulsion et déménagement forcé, pour la première fois la pandémie a contraint l’équipage de faire directement appel à son public, par une campagne de dons. “Cet argent là sert simplement à couvrir les charges du 59, pour faire vivre le lieu et nous permettre de garder les portes ouvertes”, développe Pierrick Feytou.
Retrouvez ce dimanche 20 juin notre reportage sur le sujet, par Amélia Porret et Agathe Devignot, dans un nouvel épisode de Ça se passe près de chez vous, à 13h15 sur notre antenne (100.7 FM / web / DAB+), puis à retrouver en podcast.