La société française a-t-elle perdu le vivre-ensemble ? Et pourquoi ? Voila de quoi parle le livre de Jean-François Sirinelli intitulé Ce monde que nous avons perdu : Une histoire du vivre-ensemble.
L’historien, Jean-François Sirinelli, professeur émérite d’histoire contemporaine à Sciences Po Paris, livre son analyse en dressant la fresque d’un siècle et demi d’une civilisation qui serait aujourd’hui presque disparue, la civilisation républicaine. Il rappelle comment elle s’est constituée, de 1870 à nos jours, et a tissé un vivre-ensemble reposant sur la démocratie libérale, la laïcité, la langue, l’école et un sentiment d’appartenance à la communauté nationale. Cet écosystème reposait sur des valeurs morales et un socle sociologique, les classes moyennes. Dans la seconde moitié du XXe siècle, les Trente Glorieuse ont favorisé la mise en place de l’État providence. La société française a bénéficié de la paix, après 1962, de la prospérité, du plein emploi, et du progrès comme horizon. Des temps heureux favorables au vivre-ensemble. Mais de multiples mutations sont venues miner et altérer cet équilibre. Émergence de la génération du “baby -boom”, perte du sens de l’intérêt général, dégradation de l’école, crises économiques, violence sociale… Sur fond de mondialisation, de crise climatique, de terrorisme, le creuset républicain a éclaté pour laisser place à une mosaïque. “Le vivre-ensemble a dégénéré en vivre cote à cote voire en vivre face à face.” Jean-François Sirinelli nous éclaire sur ce phénomène. Une prise de conscience salutaire pour rebâtir peut-être un monde nouveau et retrouver le vivre-ensemble.
Écouter cet entretien dans Dialogue, une émission de Myriam Lemaire, samedi 26 juin, à 21h00, sur Fréquence protestante (100.7FM / web / DAB+) et ensuite en podcast.