Va-t-on manquer de gaz cet hiver ? C’est la question que se posent les Français face au président russe Vladimir Poutine, qui ne cesse de jouer avec les nerfs des Européens en multipliant les interruptions de livraison du gaz. Au niveau de l’exécutif, le chef de l’État a présidé le 2 septembre un Conseil de défense et de sécurité consacré à la crise énergétique qui s’annonce, autour de la Première ministre et des autres ministres concernés.
Dans un point de presse sanctionnant ce conclave, la ministre de la Transition énergétique, Agnès Panier Runacher, s’est voulue à la fois rassurante et prudente. D’entrée de jeu, elle a dédramatisé la question de l’approvisionnement en affirmant « les livraisons de gaz russes sont au plus bas et non à l’arrêt ». Son de cloche différent du côté du géant gazier russe, Gazprom, qui a indiqué la suspension de ses livraisons au groupe français Engie à partir du jeudi 1er septembre pour défaut de paiement de celles effectuées en juillet. Agnès Panier Runacher assure que toutes les mesures ont été prises pour assurer la sécurité de l’approvisionnement. Elle se félicite au passage du quasi-remplissage des stocks français (92%) avec deux mois d’avance. Le pays est donc a priori prêt pour affronter l’hiver. L’Europe également.
Ce Conseil de défense s’est par ailleurs penché sur la souveraineté énergétique européenne. Le gouvernement, au nom de la solidarité européenne, souhaite renforcer sa coopération avec l’Espagne et l’Allemagne. Français et Allemands approfondiront leurs discussions pour un échange régulier de gaz et d’électricité.
En dépit de cet optimisme, la ministre se veut lucide. Plusieurs facteurs exogènes, notamment un hiver très froid et une coupure totale de livraison du gaz russe aux Européens, placeront le gouvernement face une grave situation de crise. Pour faire face à ces éventualités, dans la continuité du chef de l’État et de la Première ministre, Agnès Panier Runacher a une fois de plus appelé à la « sobriété » qui, selon elle, consiste en une lutte contre le gaspillage et non une baisse de production des entreprises, sur qui pèse le spectre du rationnement si elles ne jouent pas le jeu de la responsabilité collective. Pour l’heure, aucune mesure contraignante n’est prévue pour les ménages français, ni pour les entreprises. Dans une approche volontariste, le gouvernement sonne à nouveau la mobilisation générale et appelle à la « responsabilité ».
Agnès Panier Runacher n’exclut pas, à l’avenir, « la prise de mesures proportionnées et atteignables » pour sauver le peu d’énergie qui reste en cette fin d’abondance.
Un point régulier sur la situation se fera à partir du mois d’octobre, mais avant cela, le comité de gestion des réseaux aura rendu, à la mi-septembre, son avis sur les risques d’un hiver froid ou doux.
Carlyle GBEI