Difficile de parler de paix dans un monde qui semble à nouveau basculer vers le camp de la guerre. À Compiègne, la cheffe du gouvernement a tenté de relever ce défi.
Comme le veut la tradition républicaine, Elisabeth Borne s’est rendue à la clairière de Compiègne, pour la célébration de son premier 11 novembre en tant que Première ministre. Deux ans plus tôt, son prédécesseur, Jean Castex, n’avait pu honorer ce rite en raison de la crise sanitaire.
Cette année, ce déplacement s’est inscrit dans un double contexte : jubilaire d’une part, car il était l’occasion de célébrer le 100e anniversaire de la clairière dite “de Rethondes”. Elle symbolise aux yeux du monde entier la fin des hostilités de la Grande Guerre, le terme de quatre années d’un conflit effroyable. En effet, c’est dans ces lieux que Le Maréchal Foch a reçu la délégation allemande, le 11 novembre 1918 à 2 h 15. À 5 h 15, ils signaient l’armistice, l’accord prenant effet “le 11ᵉ jour du XIᵉ mois à 11 heures précises”.
Pour marquer ce jour, les autorités locales ont décidé de mettre en avant les « soldats du feu ». Neuf mille sapeurs-pompiers sont morts durant la Première Guerre mondiale. La cheffe du gouvernement a donc réaffirmé la reconnaissance éternelle de la Nation envers les pompiers et l’armée dans son ensemble.
En second lieu, les célébrations s’inscrivent dans un contexte de guerre en Ukraine et de montée des idées souverainistes. Consciente de ces enjeux, la Première ministre n’a mâché ses mots pour s’adresser à l’extrême-droite : « Méfions-nous de ceux, pour qui la division est une méthode et le repli sur soi, un idéal », a-t-elle lancé. Elle a de nouveau appelé à l’unité. « Les mémoires des guerres précédentes montrent que les pays ne peuvent se reconstruire que dans le dialogue et l’unité nationale ».
Son hôte du jour, le maire Les Républicains de Compiègne Philippe Marini, a quant à lui mis en avant la préservation de l’identité française et européenne. « Une nation doit être dotée d’une identité forte. Plus forte est cette identité, plus prête est cette nation à accepter, à englober la différence ». Deux discours verticalement opposés, pour une commémoration qui se voulait avant tout républicaine, signe que l’armistice à la fois nous éloigne et nous rapproche.
Carlyle Gbéi, Service Politique, Envoyé Spécial