Au micro de Claude Boulanger, François Heilbronn, vice-président du Mémorial de la Shoah, à Paris, est venu raconter le sujet de son dernier livre, Deux étés 44, paru chez Stock. Deux étés incroyables !
“Metz 1744 – Drancy 1944″… Que signifient ces deux dates qui se côtoient, en dépit de la distance tant géographique que chronologique qui les séparent ? En un mot : une incroyable coïncidence.
La famille de l’auteur a vécu deux événements stupéfiants un même 15 août, mais à deux siècles d’intervalle. Le premier, plutôt heureux, voit Isaïe Oulman, médecin de la communauté juive de Metz, sauver in extremis le roi Louis XV d’une dysenterie (les saints-sacrements lui avaient été administrés…). L’autre est l’agonie d’Henry Klotz dans le camp de Drancy.
Le lien entre les générations est l’église Sainte-Geneviève, promise par Louis XV en cas de guérison, et devenue le Panthéon, sur les murs duquel sera gravé le nom du capitaine Emile Hayem, mort pendant la guerre de 1914-1918.
Ces trois hommes cités, ainsi que l’auteur de cet étonnant récit, François Heilbronn, font tous partie d’une seule et même vieille famille juive française.
Ce roman familial est passionnant, tout comme son auteur lorsqu’il se met à parler de ces événements marquants, même si des preuves absolues manquent peut-être pour le premier d’entre eux. Le lecteur y percevra, tout au long de l’histoire de France, la crainte perpétuelle d’une communauté qui, même intégrée depuis plusieurs siècles, redoutait sans cesse les bouleversements, potentiels porteurs de nouvelles épreuves et persécutions.
Un roman de transmission singulier et attachant.
Jean-Pierre Caruelle
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