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Pas de cessez-le-feu en Ukraine pour le Noël orthodoxe

09jan13h0013h15Pas de cessez-le-feu en Ukraine pour le Noël orthodoxe13h00 - 13h15 AnimateurCastelnau ClaudineÉmissionActualité religieuse dans les médias

Résumé de l'émission

Le cessez-le-feu annoncé par Vladimir Poutine n’est jamais advenu. Une trêve unilatérale, annoncée par le maître du Kremlin la semaine passée, sans concertation, et qui devait courir du vendredi 6 janvier à midi jusqu’à minuit le samedi 7 janvier, afin que les chrétiens orthodoxes d’Ukraine et de Russie puissent célébrer Noël. L’Ukraine a rejeté presque immédiatement la proposition russe et la guerre a continué dans la partie est du Donbass et ailleurs en Ukraine. Comme le constate un soldat ukrainien au milieu du fracas de l’artillerie russe : « Nous n’avons pas réellement constaté le cessez-le-feu annoncé, sur la ligne de front. Tout est en ruine, des civils meurent, des soldats sont tués, notre peuple est en train de mourir. » Et un civil ajoute : « Vous ne souhaiteriez pas cette situation à votre pire ennemi, mais nous avons fêté Noël comme d’habitude. Nous avons eu un sapin avec des décorations. Mais c’était dans la cave. »
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« En Ukraine, un Noël orthodoxe en rupture avec l’Eglise russe », titre le site de RFI. Le métropolite Epiphane, préside l’Eglise orthodoxe d’Ukraine, une Eglise qui a rompu ses liens avec le patriarche Kirill de Moscou auquel elle était rattachée avant la guerre avec la Russie. La liturgie de Noël de cette Eglise orthodoxe d’Ukraine avait lieu le 7 janvier dans la cathédrale de la Laure de la Dormition des Grottes de Kiev (une Laure est un monastère et la Laure de Kiev est le plus vieux monastère masculin d’Ukraine) et les Ukrainiens y sont venus en nombre, malgré le froid glacial, pour cette fête de Noël, dans des locaux autrefois sous l’autorité du patriarcat de Moscou. « C’est un jour historique pour l’Ukraine. C’est la première fois que le métropolite Épiphane présidera l’office, explique Volodymyr, un paroissien. Voilà pourquoi je voulais être là, je suis venu à Kiev exprès pour ça. » Il y a quelques jours encore, les lieux étaient perquisitionnés par les autorités ukrainiennes qui soupçonnaient l’Eglise orthodoxe affiliée à Moscou, qui tenait le lieu, d’activités subversives. En ce jour de Noël orthodoxe, le 7 janvier, le primat de l’Église indépendante d’Ukraine, le métropolite Épiphane préside pour la première fois cette cérémonie. Et c’est une petite révolution pour cette Eglise orthodoxe ukrainienne désormais indépendante de Moscou, une Eglise qui prônait depuis des années la rupture totale avec la Russie. Et Ania, une autre paroissienne, est ravie de pouvoir enfin revenir. « D’habitude, je me rendais à un autre monastère. Je ne venais plus ici depuis que le Patriarcat de Moscou s’était imposé. Ses membres nous insultent lorsqu’ils nous voient sortir d’une de nos églises [ukrainiennes indépendantes], ils nous traitent d’antéchrist. » Quant à Oleksandre, il s’émerveille des décors sublimes qu’il se réapproprie : « Cette église est ukrainienne, elle a été construite par nos princes de Kiev au début du XIe siècle. À l’époque, Moscou n’existait même pas. » Les journalistes de RFI remarquent aussi que « les fidèles sont plongés dans un recueillement teinté de fierté nationale en entendant pour la première fois le service religieux en ukrainien. »
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Alors célébrer Noël selon le calendrier julien, comme en Russie (et dans le monde du christianisme oriental) ou se mettre à l’heure du christianisme européen et fêter Noël le 25 décembre ? La question a agité les familles mais rompre avec Moscou était essentiel pour certains Ukraniens. Comme Dalyna, citée par les journalistes de RFI : « On se bat sur un autre front., dit-elle. Celui de la tradition, de la religion. Avant, ça nous était égal de savoir si une chose venait d’Ukraine, de Moscou, on suivait la tradition. Mais pour moi, ça a de l’importance maintenant. Je ne veux pas soutenir une Église [l’Eglise orthodoxe russe et son patriarche KIrill] qui a incité à la guerre contre mon pays. Voilà pourquoi je soutiens notre Église orthodoxe locale. » Voilà aussi pourquoi, tout en prônant une rupture violente avec Moscou, cette famille ukrainienne continuera à faire le grand écart et fêtera Noël comme les Russes et le monde orthodoxe le 7 janvier. Et voilà pourquoi Dalyna a assisté, le 7 janvier, à la première liturgie en ukrainien dans la cathédrale de la Dormition de la Laure des Grottes de Kiev dont le ministère ukrainien de la culture a refusé de renouveler le bail qui permettait au Patriarcat de Moscou d’y être hébergé, en terre ukrainienne et au Kremlin de chercher à garder son autorité sur Kiev, ville où la Russie historique serait née il y a 1000 ans, comme l’affirment de nombreux Russes… C’est ce qu’explique un spécialiste du fait religieux auprès du gouvernement ukrainien au correspondant de RFI à Kiev : « En Ukraine, nous avons notre propre Église orthodoxe. L’Église orthodoxe d’Ukraine dite «autocéphale». Elle a rompu avec Moscou. Et c’est très important. Toute l’histoire de l’Église orthodoxe d’Ukraine est à mettre en parallèle avec l’histoire de notre lutte pour l’indépendance. On se bat pour l’indépendance de notre pays et en même temps pour celle de notre Église. Et cela continue avec cette guerre. Quant au pouvoir à Moscou, il a toujours utilisé l’Église pour sa propagande. Sous l’Union soviétique, le pouvoir persécutait l’Église en Russie mais utilisait ses représentants pour sa propagande dans d’autres pays. La nouvelle Église orthodoxe d’Ukraine dirigée par le métropolite Épiphane est officiellement reconnue par le Patriarcat œcuménique de Constantinople [primus interpares du monde orthodoxe] et plusieurs autres Églises orthodoxes à l’étranger. »
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Aucun texte chrétien ne précise la date de la naissance de Jésus. Est-cela qui explique que l’on peut célébrer Noël, pour fêter sa naissance, le 25 décembre mais aussi le 7 janvier (dans le calendrier grégorien (comme chez les orthodoxes orientaux, dont la Russie et les chrétiens orientaux autres). Ce 7 janvier du calendrier grégorien correspondant au 25 décembre du calendrier julien. Et l’on fête même Noël le 19 janvier à Jérusalem dans les églises du patriarcat grec-orthodoxe. Celui-ci a en effet choisi de suivre le calendrier julien en vigueur depuis 1852 sur les lieux saints et dans les autres Eglises orthodoxes comme les Eglises copte, syriaque et éthiopienne alors que l’Eglise orthodoxe en Grèce a adopté le calendrier julien ! Enfin, une Eglise a choisi de garder, comme dans les premiers temps du christianisme, l’usage de ne pas séparer Noël et l’Epiphanie (adoration des mages) c’est l’Eglise arménienne apostolique, alors que toutes les autres Eglises célèbrent l’Epiphanie 12 jours après Noël.
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Le calendrier julien, est un calendrier solaire utilisé dans la Rome antique, introduit par Jules César en 46 av. J.-C. Il a été employé en Europe jusqu’à son remplacement par le calendrier grégorien à la fin du xvie siècle mais reste utilisé dans la communauté monastique du Mont Athos, ainsi que par cinq Églises orthodoxes : de Jérusalem, de Russie, de Géorgie, de Serbie, d’Ukraine, les Églises orthodoxes de Macédoine et du Monténégro, et plusieurs régions du Maghreb, surtout Berbères, en Afrique du Nord.
Le passage du calendrier julien au calendrier grégorien, promulgué par le pape Grégoire XIII en février 1582, a eu lieu dans un court délai, souvent moins d’un an, dans la plupart des pays catholiques ; en revanche, les pays protestants comme les pays orthodoxes ont ignoré ou refusé cette réforme, du fait qu’ils récusaient l’autorité religieuse du pape, comme les pays non chrétiens, musulmans ou autres. La réforme consistait dans la suppression de trois années bissextiles sur une période de 400 ans, afin d’empêcher une dérive (assez faible) du calendrier par rapport aux événements astronomiques connus de longue date (équinoxes et solstices) ; mais elle avait un aspect immédiat plus difficilement acceptables avec la suppression de dix jours, afin de rattraper le retard accumulé depuis l’Antiquité : par exemple, dans le royaume de France, la datation de 1582 est passée du 9 décembre au 20 décembre. Mais comme cette réforme était scientifiquement fondée, les pays protestants et les pays orthodoxes l’ont finalement acceptée entre 1700 et 1923, de même que certains pays musulmans au xixe siècle ou au xxe siècle, l’adoption du calendrier grégorien n’entrainant pas nécessairement la disparition complète du calendrier julien qui a coexisté avec le nouveau calendrier grégorien. On juxtaposer alors les deux dates sur les documents officiels. L’article de Wikipedia donne comme exemple le royaume de Pologne où le calendrier grégorien était adopté depuis 1582 mais comme ce pays appartenait aux tsars de Russie qui restés attachés au calendrier julien, les deux dates ont cohabité jusqu’en 1918 où la Pologne est devenue une république indépendante. deux Eglises orthodoxes, celle de Finlande et celle d’Estonie ont adopté le calendrier grégorien. Quant à l’Eglise orthodoxe russe, elle n’a jamais accepté ce calendrier grégorien imposé par le gouvernement communiste athée et a gardé strictement le calendrier julien.
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