C’est le dogme qui nous tue
Résumé de l'émission
A l’origine, les grandes religions étaient le plus souvent des forces de paix, d’amour de lumière et de communion. Et puis nous les avons radicalisées, nous les avons colonisées, nous les avons contaminées avec des dogmes. Des mots sont apparus qui leur ont donné un caractère impérialiste tels que sacrilège, éréthisme, ou guerre sainte. Un dogme, en religion, comme en politique, comme dans une école de pensée, c’est un moyen d’asservissement, c’est un point de doctrine établi ou regardé comme une vérité fondamentale et incontestable, comme une certitude infaillible. Le problème c’est que le dogme, qu’il soit « exprimé » ou « révélé », n’est par définition pas démontrable. Sa force apparente occulte son caractère éphémère et fragile. Il n’est ni éternel ni infaillible. Il appartient plus au registre de la croyance, de l’opinion, de l’affirmation, de la thèse, de l’hypothèse, de l’intuition qu’à celui de la raison. Le problème du dogme, du grec δόγμα (dogma) c’est qu’il n’est jamais qu’une « opinion » émise sur le ton de la certitude absolue et imposée, érigée comme une vérité indiscutable et définitive. Très vite un dogme devient clivant : ceux qui le partagent sont des orthodoxes, ceux qui le rejettent, des hérétiques, des subversifs, des déviants. Le dogme a toujours été l’arme du fanatisme et de la radicalisation. L’arme du contrôle et de l’emprise sur les esprits. Il a des armes favorites telles que la violence, l’inquisition, l’obscurantisme, la terreur, la peur, la haine, la défiance, la culpabilisation, l’humiliation, le harcèlement, l’ignorance, la misanthropie, la misogynie, la suspicion, la dénonciation, le racisme et la discrimination. Il a des ennemis jurés qui sont ses antidotes : le pouvoir du doute, du rêve, de la poésie, de la connaissance, la réflexion, la remise en question, l’ouverture d’esprit, l’humanisme, l’amour, l’altérité, l’empathie, la liberté. Le dogme est toxique. Le dogme est un poison. C’est le dogme qui nous tue. L’homme a besoin de valeurs, de principes, de règles, de lois, comme il a besoin de rêves et de fantasmes. Mais lorsqu’il se raccroche à de fausses certitudes, il s’égare. Il est intéressant d’opposer la souplesse à la rigidité, le mouvement à l’immobilisme, la progression à la régression. De proposer, pour ne pas imposer. La foi doit rester une question, une espérance, une proposition de réponse. Sa force lui vient de ne pas relever du domaine de la certitude et de rendre compatibles les contradictions apparentes du cœur et de la raison, du corps et de l’esprit. Lorsque l’écologie devient un dogme, elle interdit aux enfants le sapin de noël ou le tour de France, comme elle leur interdit de rêver de voler un jour dans le ciel et dans l’espace ou de penser à équiper un voilier d’un moteur de secours. Parmi les dogmes recensés, on trouve celui du péché originel. Si le péché originel existe, il n’a sans doute rien à voir avec une histoire de désir, de serpent et de pomme à croquer. Le péché originel, ce pourrait bien être le dogme.