La mémoire de l’angle mort (2)
Résumé de l'émission
La mémoire de l’angle mort (2)
L’angle mort est la zone inaccessible au champ de vision d’un conducteur de véhicule qui ne lui permet pas de voir une partie de son environnement. Si la jeunesse est dans l’angle mort de certains parmi ceux qui nous gouvernent ou parmi ceux que nous élisons à grand renfort d’abstentions, c’est que trop nombreux sont parmi ces élus et parmi ces gouvernants ceux qui sont nés prématurément vieux et qui ont trop souvent 95 ans d’âge mental avant même d’en avoir 40. On ne fait pas rêver la jeunesse en la canalisant prématurément avec les algorithmes de « Parcoursup ».
On ne soulève pas son enthousiasme en valorisant une société financiarisée valorisant le culte de la rente à court terme et la voracité des fonds de pension. On ne la réveille pas en la confinant dans l’égoïsme, dans l’égocentrisme et dans le culte de l’uniformité. L’expérience de la barbarie entre 1940 et 1945 a produit le merveilleux pacte social mis en œuvre par le Conseil National de la Résistance que l’actuel gouvernement cherche tant à détricoter en étant allé jusqu’à oser créer un « Conseil National de la Refondation ». Nous sommes trop souvent gouvernés par des barbares qui font du passé table rase en osant prétendre qu’ils se réclament de l’histoire. La langue française a une très belle expression : « C’est l’hôpital qui se moque de la charité ».
Nous n’avons pas besoin d’une réforme des retraites qui nous donne pour seul horizon celui de l’ANPE après 50 ans et des EHPAD après 80. Nous avons besoin d’un véritable projet de société, de la réponse à une question très simple : « Dans quel monde voulons-nous vivre ». Pour y répondre, il nous faut résilier le bail de ceux qui n’ont aucun souffle et qui n’ont que l’ambition d’eux-mêmes. Il nous faut interdire à la location du pouvoir ceux qui prêchent l’exclusion ou qui pourrissent notre potentiel d’empathie en agitant le mythe et la menace du grand remplacement. Ce sont ces barbares qui ont privatisé leur âme qui cherchent aujourd’hui à privatiser l’Etat. A privatiser la justice et la protection sanitaire ou sociale. S’ils sont incapables de faire rêver, c’est parce qu’ils sont des casseurs de rêves : de ces rêves d’humanisme imaginés par ces grands-parents qu’ils condamnent aujourd’hui à expier un idéalisme qui fait mauvais ménage avec le matérialisme qui les caractérise.
Jean-Pierre Guéno
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