La mémoire de notre histoire
Résumé de l'émission
La mémoire de notre histoire
Notre histoire n’est pas un roman.
Elle est un tissu de sueur, de sang,d’espoirs, de rêves exaucés et d’illusions déçues, de poings levés ou tranchés, de mains tendues, pacifiques ou menaçantes, saisies ou repoussées, libérées ou enchaînées. Notre histoire n’est pas l’œuvre de lâches ou de héros, de tartarins de pacotille, de coqs de villages ou de la violence aléatoire des bouffées de la testostérone. Notre histoire n’est pas fermée. Elle n’est pas un roman national ou casanier. Elle est le fruit des grands brassages, des grands métissages culturels de l’humanité. Elle a été transmise par la parole universelle de l’esprit de nos mères, de nos pères et de leurs ancêtres, une parole qui trop longtemps n’a pas été écrite, pas été formulée par une grande majorité de gens qui ne voyageaient pas, qui ne savaient ni lire ni écrire, une parole que nos enfants ne cesseront jamais de relire et d’éclairer si personne ne cultive leur amnésie. Notre histoire a trop longtemps été réécrite par l’état ou par certains programmes scolaires lorsqu’elle voulait formater de bons petits soumis, à petits coups de trique, de marches au pas cadencé et de plomb dans la tête. Nous n’avons ni à être fiers ni à avoir honte de notre histoire. Elle nous est transmise et donnée comme l’ont été notre patrimoine génétique, la couleur de nos eux, la teneur de nos croyances. Nous sommes aussi bien les descendants des gaulois que ceux des africains, de ces « Homo Sapiens » qui ont commencé à peupler la terre plus de 300 000 ans avant eux. Nous sommes le fruit des barbaries et des civilisations. Nous avons été engendrés par le bien comme par le mal, par l’ombre et par la lumière, par le jour et par la nuit, par le silence et par le bruit, par le plaisir et la douleur, par l’intense et par le dérisoire. Nous sommes les jouets de l’amour comme de la haine, de la pesanteur comme de la grâce. La vraie communauté humaine est toujours celle des humbles, des obscurs, des sans grades, de ces fantassins du quotidien qui n’ont pas besoin d’être instrumentalisés ou récupérés à perpétuité dans les filets d’une gloire de pacotille. Nos ancêtres ne sont vraiment menacés que par ce grand tueur qu’est l’oubli sous ses deux formes : le mensonge ou l’effacement. Seules nos mémoires et avec elles les poètes et les troubadours ont le droit et le devoir de chanter notre histoire, et les historiens de l’éclairer, et nos enfants de la vivre et de la transmettre. Sans aucun esprit de vengeance, de revanche ou de repentance. Avec simplement le désir de toujours mieux éclairer pour les comprendre, les visages de ces anges et de ces démons qui nous animent, à la lumière de nos peurs et de nos espérances. Notre histoire est à l’image des mains torturées du Christ peintes par Matthias Grünewald ou par Vladimir Veličković.