La mémoire des exilés

25fév12h5513h00La mémoire des exilés12h55 - 13h00 AnimateurGueno Jean-PierreÉmissionInstants d’Histoire

Résumé de l'émission

La mémoire des exilés

L’enfant Jésus et le Père Noël ont un point commun : ils ont été des exilés, des réfugiés, des migrants et des sans-papiers. Le premier a dû quitter Bethléem et migrer en Égypte avec ses parents Marie et Joseph pour fuir le Roi Hérode qui avait ordonné le massacre de tous les enfants de moins de deux ans parce qu’il craignait l’avènement d’un roi des Juifs annoncé par ses propres devins. Le second a quitté la vieille Europe au 17ème siècle sous l’identité de Santa-Klaus parce que les protestants comme les catholiques radicalisés regardaient d’un drôle d’œil un personnage d’origine obscure, à la fois profane et religieuse,  qui sentait à la fois le souffre des dieux païens et l’encens du saint-patron des enfants. Il a suivi les migrants allemands et hollandais qui cinglaient vers le nouveau monde. Il a voyagé plus confortablement que les sans-papiers du 21ème siècle qui franchissent les mers sur des Zodiac ou sur des embarcations de fortune surchargées.  L’un et l’autre, le Christ et le Père Noël,  exercent  ce que l’on appelle aujourd’hui un « métier en tension », deux emplois très recherchés et très difficiles, voire impossibles à combler, faute de volontaires à la fois masochistes, compétents et désintéressés : le métier de messie bouc émissaire “crucifiable” et “ressuscitable” et le métier saisonnier de coursier bénévole infatigable travaillant à titre gracieux. Aujourd’hui, ils pourraient être plébiscités par les partisans de l’immigration choisie, tant pour services rendus à l’humanité que parce qu’ils ne feront jamais valoir leurs droits à la retraite. Le Christ a été crucifié avant de ressusciter il y a un peu plus de 20 siècles. L’effigie du Père Noël a été pendue et brûlée devant 200 enfants des catéchismes, sur le parvis de la Cathédrale Sainte-Bénigne à Dijon, le 24 décembre 1951, avant d’être ressuscitée le lendemain matin par le Chanoine Kir, maire de la ville . La tête de l’enfant-Jésus a donc été mise à prix tout comme celle du jovial grand-père. Cela n’empêche pas nombre d’enfants de prier le premier pour qu’il exauce leurs prières, et d’écrire au second, à celui qui est un peu le quatrième roi mage, pour qu’il comble leurs rêves et leurs souhaits.

Jean-Pierre Guéno

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