La réponse mortelle de Jeanne d’Arc

03avr12h5513h00La réponse mortelle de Jeanne d’Arc12h55 - 13h00 AnimateurGueno Jean-PierreÉmissionInstants d’Histoire

Résumé de l'émission

La réponse mortelle de Jeanne d’Arc.
Mai 1431 : Le procès de Jeanne d’Arc dure depuis plus de quatre mois. Pierre Cauchon, ex-recteur de l’université de Paris, nommé à l’évêché de Beauvais sur l’intervention du duc de Bourgogne mène les débats. Il a 60 ans. Jeanne a moins de 20 ans. Elle ne redoute pas la mort : toujours première à l’assaut, blessée trois fois, elle l’a déjà frôlée et dévisagée bien des fois sur les champs de bataille. C’est la perspective du bûcher, réservé aux sorcières et aux êtres impurs, qui la révolte et l’effraie : «Hélas, me traite-t-on ainsi horriblement et cruellement qu’il faille que mon corps net et entier qui ne fut jamais corrompu soit aujourd’hui consumé et réduit en cendres». «Ah! J’aimerais mieux être décapitée sept fois que d’être ainsi brûlée». L’évêque a fait venir pour l’assister six autres universitaires parisiens. Il lui faut absolument arriver à prendre Jeanne en défaut s’il veut l’envoyer au bûcher. La forcer au parjure. Mais toutes les réponses de Jeanne sont désarmantes. Jeanne ne sait ni lire ni écrire, mais la clarté, la simplicité de sa foi et la subtilité de ses mots ont raison des questions les plus déroutantes et les plus vicieuses. Finalement, Cauchon ne dispose plus que d’un seul argument: l’habit d’homme que portait Jeanne lorsqu’elle guerroyait ! Il organise, le 24 mai, au cimetière de Saint-Ouen, une véritable mise en scène avec tribunal et bûcher préparés, pour terroriser la jeune fille et pour l’inciter à promettre qu’elle ne reprendra plus jamais d’habits masculins. Quand elle est condamnée pour la première fois au bûcher le 24 mai, ses juges lui expliquent que sa peine sera commuée en prison perpétuelle si elle accepte de ne plus porter ses vêtements d’homme. Jeanne garde la phobie des flammes. Elle jure que plus jamais elle ne s’habillera en homme. Cauchon la fait alors transférer dans une prison anglaise où elle est gardée par des soudards. Il lui confisque ses habits de femme et ne lui laisse que des habits masculins lorsqu’elle veut satisfaire des besoins. Elle comprend très vite qu’elle sera amenée à se rhabiller en homme, si elle ne veut pas être violée par ses gardiens. Cette odieuse manipulation permet à l’évêque Cauchon de déclarer Jeanne « relapse ». Lorsqu’elle avoue qu’elle a trahi son serment pour sauver sa vie et son honneur, le greffier inscrit en marge des minutes du procès : « Responsio mortifera ». « Réponse mortelle » en effet : on ne peut condamner au feu dans les tribunaux d’inquisition que ceux qui retombent dans leur faute après avoir abjuré. Cauchon tient désormais une bonne raison d’envoyer Jeanne au bûcher, ce qui sera fait quelques jours plus tard, le 30 mai 1431. Avant d’être brûlée par les flammes, Jeanne le fut par la violence des arguments de la sentence de ses juges indignes : « Toutes le fois que le venin pestilentiel de l’hérésie s’attache à l’un des membres de l’église, et le transfigure en un membre de Satan, il faut s’étudier avec un soin diligent à ce que l’infâme contagion de cette lèpre ne puisse gagner les autres parties du corps mystique de Jésus-Christ. Tu es retombée dans ces délits comme le chien retourne à son vomissement. »
Jean-Pierre Guéno

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