mars, 2021
Résumé de l'émission
Invité : Fabien Demangeot, auteur de La transgression selon David Cronenberg (Playlist, 2021)

La force de Cronenberg est d’avoir réussi à imposer dans le cinéma mainstream des thèmes et une imagerie qui relevaient jusque-là de l’underground : la maladie et la dégénérescence, les excrétions du corps et sa métamorphose définitive, les sexualités déviantes, ou encore la prolifération de la chair et à l’inverse sa virtualisation. Le cinéaste canadien joue sur le pouvoir de l’inquiétante étrangeté, qu’il filme sans avoir l’air d’y toucher. Comme si sa mise en scène très maitrisée venait en contrepoint du débordement organique et des fantasmes les plus inavouables.
Car ce qui intéresse fondamentalement Cronenberg est de rendre l’anormal normal, et de rendre désirable le pathologique. C’est là qu’il est transgressif. Car il entend essentiellement filmer avec compréhension les désirs les plus étranges, et faire voler en éclats les carcans de la société hétéronormée. Chez Cronenberg, l’écart à la norme n’est pas un écart à la morale, et tout ce qui touche le fonctionnement corporel devrait être acceptable. Alors, Cronenberg est-il le cinéaste de la libération du corps et de l’esprit ?