Le lien brisant de l’hérédité
Résumé de l'émission
Dans les 20 romans de ses Rougon-Macquart, Emile Zola présente les tares héréditaires d’une famille transmises sur cinq générations, comme s’il existait une fatalité liée à l’hérédité. « Hérédité », une notion qui peut véhiculer le pire et le meilleur. Le pire lorsqu’il s’agit des prétendus droits résultant de la naissance, comme par exemple la transmission des « titres héréditaires », ou dans le domaine de la santé des maladies héréditaires transmises par voie de reproduction et aussi de celles qui sont la conséquence de la consanguinité. Le meilleur lorsqu’il s’agit d’un don précoce et qui pousse à se demander si nous ne transmettons pas dans nos gènes une partie de notre acquis de la même manière que nous transmettons des particularités physiques. Mais on revient au pire lorsque ce qui est considéré comme héréditaire résulte d’une transmission de génération en génération par habitude, par automatisme ou par tradition, ce qui est par exemple le cas de l’effroyable rite de excision clitoridienne. Il faut également signaler dans le même registre la transmission de la haine, de la vindicte, du ressentiment et de l’esprit de vengeance qui caractérisent le concept de l’ennemi héréditaire. Certes nous avons besoins de rites et de traditions , mais tous ceux qui génèrent la violence sont condamnables. La haine, le rejet de l’autre constitue un handicap. S’il est vrai que nous vivons tous sous la traçabilité de notre ADN, qui certifie nos liens génétiques avec nos géniteurs comme avec les géniteurs de nos géniteurs, ces liens ne sauraient justifier quelque forme de discrimination que ce soit. Ils sont pourtant systématiquement invoqués pour justifier les guerres de religions, les guerres et les viols ethniques, les persécutions, les asservissements, les génocides, les vengeances mafieuses, le despotisme transmis par la naissance. Faut-il rappeler la phrase de Beaumarchais tirée du Monologue de Figaro : « Qu’avez-vous fait pour tant de biens ? Vous vous êtes donné la peine de naître, rien de plus ». Elle pourrait être inversée : « Qu’avez-vous fait pour tant de mal ? Vous vous êtes donné la peine de naître, rien de plus ». Il n’y a pas de fatalité héréditaire, sauf peut-être dans le domaine de la pauvreté, tant il est vrai qu’il est trop souvent difficile d’échapper à la précarité quand on est fils ou fille de pauvre. Revendiquer une soi-disant pureté de la race, c’est justifier un poison mortel qui sévit sous le nom d’eugénisme et qui rime tristement avec d’autres mots dangereux : le mot « déterminisme », « fatalisme », « transgénisme », « transhumanisme », qui ont tous un goût de « séisme ». Il existe un vaccin contre ce genre de pandémie. Des mots qui riment avec « sage » tels que « brassage » ou « métissage ».