Le lien de la ronde

04fév12h5513h00Le lien de la ronde12h55 - 13h00 AnimateurGueno Jean-PierreÉmissionLe souffle du Diable et le soupir de Dieu

Résumé de l'émission

Le lien de la ronde

En milieu carcéral, les gardiens et les prisonniers ont en commun la ronde. Rondes de nuit, rondes de jour pour les surveillants. Ronde en journée pour les détenus, ronde quelque peu dépressive telle que Van Gogh la mit en scène en 1890, inspiré par Gustave Doré. On pourrait également citer la ronde des sentinelles, celles des pompiers, des douaniers, des policiers, des gardiens de nuit, des allumeurs de réverbères ou des anges gardiens des SDF, ou encore la ronde des cyclistes dans un vélodrome, celle des coureurs automobiles sur un circuit de vitesse, des coureurs de fond dans un stade, des artistes de cirque sous un chapiteau, ou celle des astronautes autour de la terre qui elle-même ne cesse d’effectuer sa ronde autour du soleil.  On est dans tous ces cas de figure bien loin des rondes de l’enfance, dans les cours de récréation ou sur les chevaux de bois des manèges. Il vaut mieux « tourner rond », c’est-à-dire aller bien comme une horloge ou comme une mécanique bien huilée que « tourner en rond » comme un lion en cage.

Tout le problème de l’être humain consiste à savoir s’il relève de la ronde des prisonniers ou de celle des hommes qui se croient libres lorsqu’ils surveillent, lorsqu’ils espionnent leur prochain jusqu’au point de le harceler. Relevons-nous de la ronde qui enferme ou de celle qui libère ? De celle qui accueille ou de celle qui rejette ?  De la ronde infernale et obsessionnelle ou de la ronde enfantine ? A moins que nous ne soyons définitivement prisonniers de la vrille et du cercle vicieux. Pris au piège de la ronde de la comédie humaine qui finit toujours par tourner à la tragédie, porteurs de menottes existentielles. Alors quelque chose semble ne plus tourner rond. A force de tourner en rond et de finir par tourner aussi sur nous-mêmes tels des derviches tourneurs, nous finissons par succomber au vertige et par perdre l’équilibre.

Alors Dieu merci, il nous reste la ronde, le manège de nos souvenirs et la valse qui l’accompagne : elle pourrait bien ressembler à la valse n°2 de Chostakovitch. Chargée de nostalgie, de regrets et d’espoir.

Illustration sonore valse n°2 de Chostakovitch

https://www.youtube.com/watch?v=83MYpknkvS4

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